Les Pourquoi. Pourquoi les Américains ont-ils presque tous des noms américains ?
La question est moins tautologique qu’il n’y paraît. Chacun sait ce qu’on appelle un nom anglo-saxon : Ronald Reagan, Bill Clinton, Johnny Hallyday.
On peut facilement croiser Dick Rivers à Nice, mais sur le sol américain, la plupart des Américains ont un nom américain.
Voici les patronymes dans l’ordre. Smith, Johnson, Williams, Jones, Brown, Davis, Miller, Wilson, Moore, Taylor, Anderson, Thomas, Jackson, White, Harris, Martin, Thompson. Il faut attendre la 18eme place pour trouver le premier nom avec une consonance qui ne soit pas anglo-saxonne : Garcia.
Pourquoi est-ce étonnant ? Vous allez me dire qu’au Japon, tous les gens portent des noms japonais. Certes, mais les Etats-Unis sont un pays d’immigration. Et les anglophones n'ont certainement pas représenté la moitié des immigrants. Aux XVIIIe et XIXeme siècle, il en arrivait non seulement d’Angleterre, d’Ecosse, ou d’Irlande, mais aussi de Pologne, d’Allemagne, de Roumanie, de Russie, de France également, beaucoup de Hollande, de Hongrie, d’Espagne ou d’Italie…
Les anglo-saxons étaient-ils plus féconds que le reste du monde ? Pas du tout. L’explication est non pas démographique, mais administrative. Au XIX° siècle, au moment de l’immigration massive, dans les ports de New-York, Boston ou Philadelphie, à peine les immigrants étaient descendus du bateau qu’un officier d’immigration leur faisait prendre un patronyme à consonance anglaise. Condition sine qua non pour pouvoir s’installer sur le sol américain. Sans parler des esclaves venus d’Afrique, qu’on a privé de leur nom véritable, pour leur donner une nouvelle identité.
C’est la raison pour laquelle Mohamed Ali, le plus grand boxeur de tous les temps a décidé de changer son nom. Au delà même de l’aspect religieux. Il s’appelait Cassius Clay. Mais il se doutait bien que ses arrière-arrière-grands-parents, esclaves venus d’Afrique, ne s’appelaient pas Monsieur et Madame Clay (en anglais, Clay signifie "argile" ou "terre glaise").
On raconte l’histoire d’un vieux Juif venu d’Europe centrale qui se demandait quel nom choisir. Des amis lui avaient conseillé Rockfeller, pour toutes sortes de raisons, et ça lui avait plu.
Mais au moment où il débarque devant l’officier d’immigration avec son gros registre, il a complètement oublié le nom qu’il devait prendre. Alors il dit en yiddish “j’ai oublié”. C’est à dire “Shon vergessen”. Et le fonctionnaire a noté sur son carnet : John Vergusson.
Pourquoi je vous raconte cette anecdote ? J’ai oublié.
Jusqu’à preuve du contraire.
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