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Isabelle Autissier : "Mon pavé 2018 je le lance sur un projet de mine d’or irresponsable en Guyane"

La présidente de l'ONG environnementale WWF France, Isabelle Autissier, dénonce un projet de mine d’or dans la forêt guyanaise et appelle à développer le tourisme responsable.

Article rédigé par franceinfo, Olivier de Lagarde
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Isabelle Autissier, la présidente de WWF France. (SPEICH FR?D?RIC / MAXPPP)

La présidente de WWF France et navigatrice Isabelle Autissier s’élève aujourd’hui contre un projet de mine d’or dans la forêt guyanaise. Un projet qu’elle juge "totalement irresponsable". Elle est l’invité d’Olivier de Lagarde.

Olivier de Lagarde : C’est un projet qui générerait 750 emplois dans une région où le chômage s’élève à 34%. Est-ce que ce n'est pas un atout ?

Isabelle Autissier : On ne doit pas balayer les emplois du revers de la main mais ce n’est pas au nom de l’emploi qu’il faut faire absolument n’importe quoi. Le WWF a fait une étude sur cette question de l’emploi. Parce que bien sûr, sur la question de la biodiversité tout le monde comprend qu’aller créer une mine, retourner des millions de mètres cubes de terre pour quelques grammes d’or, à moins de 500m d’une zone de biodiversité exceptionnelle, du point de vue de l’environmment ce n’est pas bien. Mais on s’est posé la question du point de vue du développement. On s’aperçoit que l’on nous dit qu’on va créer 750 emplois mais avec près de 450 millions d’argent public. Notamment parce qu’il va falloir créer une route qui ne desservira que la mine dans une zone où il n'y a personne!

En quoi cette mine est gênante, étant donné qu’elle est isolée ?

Elle va gêner la biodiversité. Par exemple, sur cette piste que l'on va refaire, on va promener 500 000 tonnes de cyanure et 500 000 tonnes d’explosifs. Est-ce que ce n’est pas un peu risqué ? Est-ce qu’on n’a pas vu au Brésil y a deux ans un drame considérable ? Où justement avec une mine on a vu le déversement de boues contaminées dans les fleuves, qui ont tué les poissons, qui ont fait que les gens ne pouvaient plus boire l’eau. Est-ce que c’est ce genre de risques qu’on veut prendre ? Surtout avec un investissement public de 450 000 millions d’argent public. On pourrait notamment développer le tourisme responsable. On peut s’intéresser à la forêt autrement qu’en la détruisant. On peut, par exemple, avoir des scientifiques qui s’intéressent à des molécules utiles pour la santé. On peut imaginer le développement autrement qu’en détruisant la nature.

Vous ne faites pas confiance aux autorités pour prendre toutes les garanties possibles ?

Ils nous promettent tout ce qu’on veut. Mais quand on regarde leur étude dans le détail on voit que pour y arriver en termes de rentabilité, ils ont tordu le bâton et ce qui risque de se passer c’est qu’à un moment donné ces termes de l’échange vont être dégradés, que la rentabilité ne va pas être respectée. Et où est ce qu’on va chercher à faire des économies ? Sur le personnel, sur les conditions de travail. Si on a des problèmes, une fois qu’on a  tout saccagé, qu’on a rasé les forêts, polluer les rivières, on aura plus que les yeux pour pleurer.

Finalement, est ce que le WWF n’est pas hostile à tous les projets ?

Pas du tout. Le WWF travaille avec de nombreux industriels et on porte des projets. Par exemple, sur cette affaire en Guyane on a fait une étude pour voir comment développer le tourisme. On voit que juste sur le tourisme, avec le même montant d’investissement public on obtient trois fois plus d’emplois. Donc allons vers du développement mais pas n’importe quel développement parce que nous avons besoin de notre planète.

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