Julien Absalon, double champion olympique de VTT : "Je devais être le plus heureux du monde et au final, c'était assez difficile"
Double champion olympique de VTT en 2004 et 2008, Julien Absalon est "le" champion français de la discipline. Après son premier titre à Athènes en 2004, il a eu quelques difficultés à savourer son sacre.
franceinfo : Vous avez décroché votre première médaille d'or olympique en 2004 à Athènes, alors que vous n'étiez pas du tout présenté comme favori, vous vous souvenez du moment précis où vous avez réalisé que vous étiez champion olympique ?
Julien Absalon : Au début, je n'ai pas vraiment réalisé ce qui se passait autour de moi, j'étais encore très jeune. Je n'avais pas préparé l'après-Jeux olympiques, et je n'avais pas du tout envisagé ce que pouvait être la vie d'un tout jeune médaillé d'or olympique. Je n'avais pas pensé à ce que ça pouvait engendrer. La médaille d'or, c'était un objectif. Comme beaucoup d'athlètes, un rêve. Lorsque le rêve pour lequel on a travaillé devient réalité, bizarrement, on devrait être le plus heureux puisqu'on a réalisé son rêve.
Mais derrière, il y a déjà la pression qui retombe, la fatigue qui arrive, les sollicitations auxquelles on n'était pas préparé, qui nous tombent dessus. Alors, forcément, des belles choses, des choses extraordinaires qu'on vit derrière ; rencontrer le Président, être reçu à l'Elysée, être invité sur des plateaux télé, donc c'est formidable.
Mais, d'un autre côté, avec la fatigue, c'était compliqué à gérer. Il y avait un vide : l'objectif est atteint, mais maintenant quoi ? Qu'est-ce-que je fais ? J'essayais de me persuader que je devais être à ce moment-là le plus heureux du monde. Et au final, c'était assez difficile.
Ça veut dire que vous avez dû vous faire aider ?
Non, pas sur le moment. En 2004, on n'en parlait pas forcément. C'était quelque chose qui était tabou. Moi je n'avais jamais discuté avec d'autres champions olympiques. Je n’en connaissais pas, mais je gardais ça pour moi, parce que je ne comprenais pas pourquoi alors que je devais être heureux, c'était compliqué. Alors que maintenant on en parle beaucoup plus, et c'est quelque chose qui est scientifiquement explicable, c'est que derrière il y a ce vide de l'après-objectif. Donc c'est une réaction qui est normale.
Qu'est-ce qui serait différent dans votre vie, si vous n'aviez pas été titré à Athènes et à Pékin ?
Lorsqu'on devient champion olympique, on est le numéro un de sa discipline, c’est forcément plus facile de renégocier ses contrats derrière, d'obtenir d’autres sponsors, donc de bien vivre d'un sport comme le mien, mais on n'est pas très nombreux à très bien en vivre et ce statut de champion olympique, forcément, permet d'être parmi les athlètes les mieux payés de cette discipline.
Qu'est-ce-qui vous a le plus surpris dans l'après ? Le regard des autres, par exemple ?
Pas surpris, non. Ce qui m'a fait vraiment plaisir, c'est de voir les enfants, de leur signer des autographes, de discuter avec eux, qui me disaient avoir vu ma course à la télévision et s'être inscrits dans un club. C'est ça qui me faisait plaisir, de voir que j'avais donné envie à des jeunes de pratiquer mon sport.
Est-ce que vous diriez que ces médailles d'or ont un revers en quelque sorte ? Est-ce qu'il vous est arrivé à certains moments, peut-être de regretter ça ?
Non, jamais. Mais il faut être conscient lorsqu'on est athlète, que lorsqu'on gagne, qu'on est haut tout en haut, tout le monde veut être là. Mais ce n'est pas à ce moment-là qu'il faut s'entourer de personnes, parce qu'à ce moment-là tout le monde veut quelque chose.
Moi, j'ai fait l'erreur de signer avec un agent juste après mon titre olympique. Mais en fait non, travailler avec un agent, avec quelqu'un de confiance, il faut que ça se fasse bien en amont, et que quelqu'un ait confiance en l’athlète avant qu'il soit au sommet.
C'est trop facile de prendre l’athlète lorsqu’il est au sommet. Et l'athlète, il faut qu'il soit conscient que tout ça, c'est éphémère, que le jour où l’athlète se plante, il n'y a plus grand monde. Lorsqu'on est dans la lumière, tout le monde veut en profiter, et lorsqu'on n'y est plus, là, il n’y a plus que les vrais amis et son entourage proche.
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