Cet article date de plus de quatre ans.

Ma vie d'après. Pain, bricolage, bijoux... Le "faire soi-même" a le vent en poupe

Ces petits riens, ces petits touts, la preuve que rien ne sera plus comme avant, que le "monde d'après" est déjà là. Vendredi, Neila a décidé de tout faire elle-même.

Article rédigé par franceinfo - Neila Latrous
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La farine du blé permet de faire du pain. (RICHARD VILLALON / MAXPPP)

D’épeautre, de blé, de riz, ou de son, je suis la farine, l’une des stars de cette année. Mes ventes se sont envolées pendant le premier semestre. Jusqu’à 168% au plus fort du confinement. Je suis surtout le symbole d’une France qui se réapproprie le faire soi-même.

Les travaux manuels sont plus à la mode que jamais. À en croire l’institut Opinionway, 37% d’entre nous ont acheté ces derniers mois un produit correspondant au triptyque : cuisine, bricolage, décoration. Et ça ne s’arrête pas ! Dans les cosmétiques aussi, la révolution est en marche. Une Française sur trois a déjà fabriqué au moins une fois ses produits de beauté. À en croire Elodie Abécassis, qui a fondé le portail iMake.com, une catégorie d’âge en particulier est sensible à la promesse du faire soi-même : "Ce sont les 18-34 ans qui sont sur-représentés et ont déjà cette façon de consommer. C'est naturel pour eux de consommer en faisant un produit soi-même plutôt qu'en achetant un produit fini."

iMake, c’est un site qui référence 55 000 produits qui doivent permettre à chacun de se mettre à la couture, à la décoration, au bricolage, à la cuisine bien sûr, le grand classique, ou à la fabrication de jouets artisanaux pour les enfants. Comme l’explique Elodie Abécassis, le faire soi-même correspond à ce moment où le consommateur est peut-être davantage à la recherche d’authenticité, d’une consommation responsable, qui a du sens.

Créer du plaisir

Cela permet aussi de maîtriser son budget, en tant de crise, même si ce n’est pas le premier moteur m’explique Philippe Moati, professeur d’économie à l'Université Paris-Diderot. Et cofondateur de L'Observatoire Société et Consommation. : "Voir l'opportunité de faire des choses par soi-même, cela crée du plaisir. Ensuite vous avez le désir de contrôler ce que l'on va consommer. Quand on fait, on sait exactement ce que l'on a fait, on sait ce que l'on a mis dedans. On a exactement le résultat que l'on cherchait à atteindre. On est quand même dans une société hyper individualisée. Il n'y a pas plus personnalisé que quand on fait soi-même.".


Et pour que l’expérience soit pleinement satisfaisante, il faut donc obtenir pile le résultat souhaité et accessoirement ne pas se blesser, dans le cas de travaux plus lourds. Les grands acteurs industriels ou de la distribution se proposent donc d’accompagner le mouvement, soit avec des produits livrés en kits, plus simples à utiliser ou à monter, soit en concevant des espaces, des ateliers pour aider, accompagner, épauler ce nouveau type de consommateur. Je vous laisse, je retourne à mon tricot.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.