Ma vie d'après. Un segment particulier de l'aérien : le voyage d'affaires
Ces petits riens, ces petits touts, la preuve que rien ne sera plus comme avant, que le "monde d'après" est déjà là. Vendredi, Neila est un secteur touché de plein fouet : les déplacements aériens pour le travail.
Je suis le manque à gagner du secteur aérien cette année, évalué par la profession à 419 milliards de dollars. La faute aux restrictions de circulation, évidemment, les avions cloués au sol. Et le trafic commercial qui chute de 60% comparé à l'an dernier, avec un segment particulier que scrutent les compagnies aériennes, celui de l'aviation d'affaires. Car si le voyage touristique reprend timidement cet été : "Notre trafic business, ça va prendre un peu plus de temps" comme le dit Ben Smith, directeur général d'Air France KLM, au micro de Frédéric Beniada. Globalement, les compagnies parlent de frémissements dans le court et moyen courrier, sur les destinations européennes par exemple. C'est plus laborieux sur le long courrier, segment stratégique pour l'aérien, et vous allez comprendre pourquoi avec Guillaume Hue. Il est associé au sein du cabinet Archery Strategy Consulting, spécialisé notamment dans le transport et l'aéronautique : "Sur des compagnies classiques, de type Air France, l'activité business, c'est 10% des sièges sur les vols longs courriers mais c'est jusqu'à 30% du chiffre d'affaires. Pour assurer la rentabilité d'un vol, il est nécessaire d'avoir cette offre là. Est-ce que certaines compagnies vont plus souffrir que d'autres ? Très certainement. Finalement, les compagnies aériennes qui avaient peut-être un petit peu décalé certains investissements dans leur classe business risquent d'avoir plus de mal à reprendre."
Ben Smith évoque la sécurité sanitaire
Investissements, services, on parle généralement du confort des avions, des sièges, de la cabine, de la qualité du divertissement et des écrans à bord, les repas bien sûr. Et désormais, les garanties en matière de santé. Ben Smith toujours : "Le vrai changement, ça va être le niveau de sécurité sanitaire." Il faut s'attendre à une concurrence féroce sur ce segment d'affaires, parce qu'aux pertes enregistrées au premier semestre, s'ajoute la contrainte du catalogue, des pays qui ouvrent ou ferment leurs frontières au gré de l'évolution de l'épidémie. Qui imposent des démarches supplémentaires, comme l'obligation de se faire tester à l'arrivée, c'est du temps en moins consacré de fait aux rendez-vous professionnels. Et puis il y a la crise économique, insiste Guillaume Hue, et ses effets sur les entreprises, c'est à dire les premiers clients de ces compagnies aériennes : "À court terme, les entreprises vont arbitrer de manière beaucoup plus stricte sur les voyages qui sont absolument nécessaires qui sont des voyages de confort pour du business. On a eu l'opportunité d'expérimenter à grande échelle pendant la crise et on continue de le faire, cela va nécessairement impacter le nombre de voyages." Et améliorer le bilan carbone de ces entreprises. Une visioconférence au lieu d'un trajet de 600kms, c'est 150 kilos d'économies en équivalent pétrole. C'est aussi des emplois en moins, pour les taxis dans les aéroports, pour les hôtels aussi. Le tourisme d'affaires, c'est 70% de leurs revenus en France.
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