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Ma vie face au cancer (10/16) : "J'ai une deuxième chance avec la vie"

Clémentine était journaliste à franceinfo. En juin 2022, on lui diagnostique un cholangiocarcinome, un cancer digestif rare et très agressif. Elle raconte dans ce podcast son combat face à la maladie, ses espoirs et ses doutes. Dans cet épisode, elle aborde la première bonne nouvelle depuis l'annonce de son cancer.
Article rédigé par Clémentine Vergnaud, Samuel Aslanoff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Clémentine a le sentiment d’avoir une deuxième chance. (CLEMENTINE VERGNAUD / STEPHANIE BERLU)

Début mai 2023, après trois mois de thérapies ciblées, Clémentine fait face au fameux couperet. Elle passe un scanner et voit les oncologues pour savoir si ces mois d'efforts ont porté leurs fruits et si ce nouveau traitement fonctionne. "On aborde beaucoup de choses, raconte Clémentine, et au bout d'un moment, l'oncologue finit par me parler des images du scanner, et là, elle dit le mot 'rassurant'." Clémentine prend du temps à décortiquer et à disséquer le mot.

L'oncologue lui explique que la tumeur principale -  celle du foie  - est stable, que les métastases dans la hanche gauche sont stables, et que celles présentes dans les poumons et au niveau du ganglion du foie sont en diminution. "C'est juste inespéré, indique Clémentine. Cela fait des mois qu'on vous dit qu'au mieux on peut espérer une stabilité, et là, on vous parle d'une diminution. C'est formidable, mais sur le coup, je n'arrive pas à l'intégrer. Pour l'oncologue, le bilan est bon, il est rassurant."

La question du pronostic reste en suspens pour Clémentine, surtout depuis qu'elle a trouvé sur Internet des résultats affolants de 7 à 10% de survie à cinq ans quand on est opérable. "Je veux justement lui mettre devant les yeux ces chiffres pour qu'elle réagisse et me donne enfin quelque chose à intégrer." Mais la question reste sans réponse  : "Cette thérapie ciblée n'est vraiment utilisée que depuis deux ou trois ans. Et les trois-quarts des essais cliniques, c'est un recul à cinq ans. Il n'y a pas de chiffres sur lesquels s'appuyer." Une seule piste est avancée par la médecin, celle d'un plateau atteint par les patients après un recul de la maladie. Mais de nombreuses incertitudes demeurent.

"Cela reste un nouveau gros morceau à intégrer, parce que je ne sais pas si je serai toujours là dans cinq ans. Les nouvelles sont rassurantes, mais le futur reste quand même très incertain."

Clémentine

dans le podcast "Ma vie face au cancer"

Clémentine réalise vraiment que les résultats du scanner sont bons quand elle croise son autre oncologue  : "Je prends conscience quand j'ai vu sa mine réjouie et son sourire. Je lui dis que j'ai un peu de mal à réaliser ce qui se passe et il me dit : 'Mais attendez, vous vous rendez compte, ça fait un an que vous venez ici et qu'on vous annonce que des mauvaises nouvelles. Donc, là, enfin, vous avez une bonne nouvelle. Évidemment, ça vous prendre un peu de temps, c'est logique, mais c'est une bonne nouvelle.'"

"J'ai envie de faire la fête" 

En débriefant avec ses proches à propos du pronostic, la mère de Clémentine a une phrase qui la marque énormément  : "Je le vois comme la mort au bout du chemin, mais qui s'est un peu éloignée quand même." Pour Clémentine, l'épée de Damoclès est remontée de quelques centimètres et il y a un poids en moins sur ses épaules. "Je marche presque plus redressée, plus légère, parce qu'on a enfin un traitement qui fonctionne pour de bon." Elle va pouvoir garder la qualité de vie acquise avec la thérapie ciblée, et va par exemple pouvoir reprendre son travail et laisser tomber le masque, car elle n'est plus immunodéprimée. 

"J'ai l'impression qu'on enlève l'espèce de cage dans laquelle ma poitrine était enserrée depuis un an. Je respire à pleins poumons et ça fait un bien fou."

Clémentine

Clémentine a maintenant besoin de retrouver l'insouciance de la trentaine. "Je ne suis pas comme tous les gens de mon âge, mais j'ai envie de faire la fête, de profiter et de savourer chaque instant de cette vie, confie Clémentine. C'est assez fou. J'ai l'impression que j'ai une deuxième chance avec la vie."

"Tant que j'en suis capable, poursuit Clémentine, je  ne veux pas laisser passer une seule occasion de dire ce que je veux quand je le veux, et de faire ce que je veux. De vivre en fait. Je veux savourer des moments avec mes proches, comme je l'ai fait récemment avec mes deux nièces et ma sœur en bord de mer. C'était juste génial de faire des châteaux de sable. J'ai envie de faire des super projets professionnels. J'ai déjà des idées plein la tête. Je ne veux plus laisser passer une seule seconde et surtout ne plus m'embêter avec tous ces carcans avec lesquels je m'embêtais avant."

"L'important, ce n'est pas la destination, mais le voyage." Pour Clémentine, cette citation prend maintenant tout son sens : "La fin, elle est connue, il n'y a pas trop de mystère là-dessus, mais il y a tout ce qui va y mener et je n'ai pas envie de gâcher ces moments qui vont y mener, aucun d'entre eux."


"Ma vie face au cancer : le journal de Clémentine", un podcast original franceinfo de Clémentine Vergnaud et Samuel Aslanoff, à retrouver sur le site de franceinfo, l'application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcasts, Podcast Addict, Spotify, ou Deezer.

Production : Clémentine Vergnaud et Samuel Aslanoff

Réalisation et mixage : Pauline Pennanec'h, Valentine Joubin, Samuel Aslanoff, Cherif Bitelmadji, Frederick Vigneau, Raphaël Rasson et Thomas Coudreuse

Création sonore : Bruno Carpentier, Hervé Bouley

Musiques additionnelles : 

French 79, Between the buttons
Rone, Opening
Bibi flash, Histoires d'1 soir
Clara Luciani, Respire encore
René Aubry, Replay
N'TO, Time et Invisible
M83, Outro
Scarlet pleasure, What a life

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