Ma vie face au cancer (7/16) : "On n'est pas qu'un cas médical"
Clémentine le reconnaît, elle a développé un rapport très particulier avec certains soignants. "J'ai croisé pas mal de médecins, précise-t-elle, et je dois dire que dans mon malheur, j'ai quand même eu de la chance." Mais avant de créer des liens avec certaines personnes de l'équipe médicale, il y a eu la première médecin au tout début des douleurs : "C'est une remplaçante. Elle est très consciencieuse, elle me fait faire tous les examens qui s'imposent et ce n'est pas de bol. Elle n'y est pour rien, on ne voit rien."
À la fin de l'arrêt de travail prescrit par cette médecin, Clémentine ne se sent toujours pas bien. "Je retourne voir le titulaire qui lui, par contre, est un mauvais médecin. Il ne m'écoute pas du tout et m'ausculte à peine. Il ne se rend pas compte qu'en touchant à peine, ça me fait toujours un mal de chien. Il me dit que c'est une déchirure musculaire. Mais je l'aurais tabassé, quoi !" Pour elle, trois semaines ont peut-être été perdues. "Je lui en veux énormément, lâche Clémentine. Mais heureusement, derrière, je ne suis tombée que sur d'excellents professionnels. J'ai changé de médecin, et là, je suis tombée sur quelqu'un qui a été, tout de suite, très à l'écoute." C'est ce médecin qui prescrira le fameux scanner qui montre tout.
Clémentine, qui se qualifie de "malade professionnelle", apprécie particulièrement l'écoute chez les bons médecins : "Ceux qui quelque part ont le plus d'empathie et presque se mettent à la place du malade." Un de ses oncologues a été justement à la place du malade et a eu un cancer. "Dans sa relation au patient, ça change tout, analyse Clémentine. Il a su que la priorité pour moi, c'était de ne plus avoir mal et il m'a tout de suite dit : 'Je sais ce que vous avez. Il faut absolument que je vous passe au scanner. Je ne peux pas faire sans, mais je vous promets qu'après je vous soulage. Je vous augmente la morphine, vous n'aurez plus mal'." Ce médecin repasse dans sa chambre le lendemain et répondra notamment à toutes les questions de Clémentine de manière détaillée.
"Un lien presque paternel"
Dans son rapport très particulier avec les médecins, Clémentine retient particulièrement celui qui l'a soignée à l'hôpital militaire et lui a annoncé son cancer. "Je sentais déjà quand j'étais à l'hôpital, qu'il y avait un lien un peu particulier entre lui et moi, presque paternel. Entre temps, j'ai vu une autre médecin de cet hôpital militaire qui m'a dit : 'Je pense qu'il a des enfants de votre âge parce que dans sa tête, vous avez toujours 25 ans et vous n'êtes pas madame Vergnaud, vous êtes Clémentine'." Un vrai lien se développe et se confirme par la suite. "Il écoute beaucoup mon ressenti de malade", observe-t-elle.
"Il essaie beaucoup de m'aiguiller vers de la résilience, de me dire que je vais accepter cette maladie et qu'il faut lui faire finalement une place mentalement comme elle a pris une place physiquement."
Clémentinedans le podcast "Ma vie face au cancer"
Son regard sur les médecins a changé au cours de sa maladie : "Je pensais que les spécialistes étaient assez expéditifs parce qu'ils avaient beaucoup de boulot et que les consultations, c'était 15- 20 minutes et qu'il ne fallait pas faire plus." Mais ses oncologues de Paul-Brousse lui accordent une heure à chaque fois. "Ils prennent vraiment beaucoup de temps et y compris dans les visites quand j'ai été hospitalisée plusieurs fois." Certains médecins discutent avec elle, lui posent des questions sur sa vie ou même sur ses lectures : "On ne se sent pas qu'un patient avec un dossier. On n'est pas qu'un cas médical. On est une personne et ça, ça change tout."
"Ma vie face au cancer : le journal de Clémentine", un podcast original franceinfo de Clémentine Vergnaud et Samuel Aslanoff, à retrouver sur le site de franceinfo, l'application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcasts, Podcast Addict, Spotify, ou Deezer.
Production : Clémentine Vergnaud et Samuel Aslanoff
Réalisation et mixage : Pauline Pennanec'h, Valentine Joubin, Samuel Aslanoff, Cherif Bitelmadji, Frederick Vigneau, Raphaël Rasson et Thomas Coudreuse
Création sonore : Bruno Carpentier, Hervé Bouley
Musiques additionnelles :
French 79, Between the buttons
Rone, Opening
Bibi flash, Histoires d'1 soir
Clara Luciani, Respire encore
René Aubry, Replay
N'TO, Time et Invisible
M83, Outro
Scarlet pleasure, What a life
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