Pierre Lemaitre : "Le fait divers est une caisse de résonance"
Pierre Lemaitre suit l'actualité de près : "Je me nourris beaucoup de l'actualité. Elle me passionne parce que le monde me passionne ". Pour France Info, l'écrivain choisit de revenir sur un événement qui l'a beaucoup marqué : en 2005, la régie publicitaire du groupe France Télévision organise un séminaire pour ses cadres. La réunion prend une tournure tragique.
"C'était un séminaire très ordinaire , se souvient Pierre Lemaitre. Mais à 18h, neuf personnes cagoulées, armées (armes automatiques, armes de poing) font irruption, prennent tous ces cadres en otage (...) Certains font une crise de nerfs. Au bout d'une heure et quart, on se rend compte que cette prise d'otages est uniquement un test de management destiné à mesurer la résistance au stress ". Cette fausse prise d'otages est donc un jeu de rôles... "sauf que les otages ne sont pas prévenus que c'est un jeu (....) C'est quelque chose de très, très violent ". Depuis, l'organisateur de ce simulacre a été condamné pour "complicité de violences aggravées".
Est-ce encore du management ? "C'est toute la question , explique Pierre Lemaitre. Jusqu'où le management va-t-il se sentir autorisé à pousser le curseur de la cruauté mentale et de la violence symbolique ? " De cette affaire, l'écrivain a tiré un polar (Cadres noirs , au Livre de poche) : "J'ai conservé le fait divers à peu près tel quel (...) Pour le romancier, le fait divers est une caisse de résonance de la société, une analyse du temps. C'est une parabole, un événement signifiant qui vous pose des questions très larges ".
Au revoir là-haut , le roman pour lequel Pierre Lemaitre a obtenu le prix Goncourt, est publié chez Albin Michel.
Rediffusion de l'entretien du 09/03/2014
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