Focus géopolitique et diplomatique sur la situation en Europe
Le diplomate venu du froid : des complots du Kremlin à la succession de Poutine, le récent ouvrage de Vladimir Fédorovski est paru le 12 octobre, chez Balland. Le parcours de cet historien et écrivain d'origine russo-ukrainienne fut directement marqué par les intrigues du pouvoir russe. Il était aussi "un homme de l'ombre". On évoque avec lui la situation diplomatique et géopolitique qui touche l'Europe.
franceinfo : Vladimir Fédorovski entre la guerre en Ukraine, le Karabakh, avec l'Azerbaïdjan et l'Arménie, Israël, et aussi la position de Recep Tayyip Erdogan en Turquie, quelle est votre vision de cet ensemble ?
Vladimir Fédorovski : Je pense qu'on entre dans une nouvelle époque. Je raconte justement dans le livre mon expérience de la gestion des crises précédentes. À l'époque, les gens évitaient de mettre l'adversaire dos au mur. Aujourd'hui, tout le monde est dos au mur, et on assiste à une sorte d'escalade, mais dans la réalité, c’est une sorte de clivage dans le monde, d'un côté, l'Occident, dominé par les États-Unis, et d'autre part, une nouvelle alliance, assez étonnante, ce sont les BRICS, essentiellement la Russie, la Chine bien entendu, et peut-être même demain, l'Iran – les BRICS c'est Brésil, Russie, Inde, Chine, Turquie – les BRICS cette année, ont changé la donne géopolitique.
Votre vision, aujourd'hui, concernant le Moyen-Orient et l'Europe ?
Ma première pensée va évidemment aux otages qui souffrent, ces innocents. Il faut dire qu'aujourd'hui, on assiste à une sorte de tension qui va durer, selon moi. Et il ne faut pas sous-estimer ça. Et le dérapage vers l'escalade, n'est pas exclu. Mais plus que jamais, ça va renforcer ce triangle naissant : la Chine, l'Iran et la Russie.
Où est l'Europe dans tout cela ?
L'Europe ?... Il y a un certain courage du président Macron, il a développé une sorte de discours adressé à tout le monde. Parce que la principale préoccupation maintenant pour nous tous, c'est d'éviter l'escalade totale, parce que ça peut enflammer le Caucase, j’ai une pensée particulière pour les Arméniens, et personne ne contrôle la situation, c'est pire que la guerre froide, mais pour l'Europe, je pense qu'il faut qu'elle renoue avec l'esprit de la diplomatie, et la diplomatie, était, ces derniers temps, presque tuée. Je souhaite beaucoup que la France joue un rôle moteur sur ce plan-là.
Aujourd’hui pour l’Europe, dans les Balkans, ce sont deux situations politiques très importantes la Bosnie-Herzégovine est au bord de l'explosion, voire de l'implosion, quant à la Serbie, qui dit Serbie dit bien sûr, Kosovo, le président Vucic a déclenché des élections anticipées. D'après vous, les Balkans peuvent-ils s'enflammer et créer un nouveau front en Europe ?
Exactement, il y a plusieurs fronts qui sont ouverts, et ça change la donne. C'est l'Ukraine, c'est le Proche-Orient, bien entendu, qui peut s'enflammer. Taïwan, et les Balkans... Vous comprenez, les ingrédients de l'escalade sont là, il faut aussi faire tout pour comprendre que l'escalade ne profite à personne.
Et Erdogan dans tout ça ?
Erdogan est très habile. Il faut dire qu'il a complètement réussi à percer au Caucase, grâce aux Azéris, mais maintenant, il joue vraiment une rhétorique beaucoup plus rigoureuse, beaucoup plus anti-occidentale. L'évolution de la Turquie, c'est sa propre évolution et ça prédit un nouveau clivage dans le monde.
N'est-il pas temps que l'Europe regarde vers l'Asie centrale ?
Plus que jamais. Je pense que dans le contexte où il y a plusieurs fronts et à mon sens, la diplomatie active doit renouer le dialogue.
Vladimir Fédorovski, Le diplomate venu du froid est édité chez Balland.
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