France-Russie, une longue histoire artistique et scientifique
Invité du "Micro européen", le diplomate et écrivain, Vladimir Fedorovski revient sur la relation entre la France et la Russie qui a toujours été marquée par un échange artistique, culturel et scientifique.
Dans son dernier ouvrage paru chez Balland, Amour et inspiration, Muses, collectionneurs et artistes, Vladimir Fédorovski ouvre la porte de cet échange franco-russe, celui des plus grands créateurs du XXe siècle. Entre les énigmes historiques russes, la flamboyance des artistes européens, et cette longue histoire qui a traversé le siècle dernier, ce fut la fulgurance de l’amour de l’art partagé entre les deux pays, au travers entre autres des collectionneurs, qui comme une traînée de poudre dans les milieux artistiques ont suscité autant de passions que d’émerveillement. L’art ayant très souvent été mêlé à la politique étrangère, la diplomatie dont on ne compte plus les diplomates poètes et écrivains, pour la France, Alexis Léger (St John Perse), Paul Claudel, Romain Gary, Paul Morand, pour la Russie Alexandre Griboïedov, Antioche Cantemir, bien évidement Vladimir Fédorovski.
Des relations diplomatiques très artistiques
Une passion commune de l’art, de la littérature, de la musique, de la poésie et de la sciences a fait qu’en plus de cette passion qu’a animée la France pour la Russie et vice versa, les échanges furent fructueux entre les deux pays, et pour revenir à l’époque moderne, il n’y a jamais eu de rupture de Matisse à Picasso, de Chagall à Modigliani, de Tchaïkovski à Darius Milhaud, de Moussorgski à Ravel.
À travers l’art, ce fut aussi le rôle de femmes russes d’influences, appelées muses tant auprès des artistes que des collectionneurs. Gala Dali (Elena Ivanovna Diakonova) épouse de Salvador Dali, de Paul Eluard, maîtresse de Max Ernst, Elsa Triolet (Ella Yourievna Kagan) compagne de Louis Aragon, sœur de Lili Brik qui fut la muse du poète révolutionnaire Vladimir Maïakovski (La punaise), Olga Khokhlova, maîtresse et épouse de Pablo Picasso, Lydia Délecstorkaya collaboratrice d’Henri Matisse ou Sonia Delaunay épouse de Robert Delaunay.
Pour la première fois, la collection Louis Vuitton présente certaines œuvres de la collection des frères Morozov et la collection Chtchoukine, des œuvres à découvrir souvent inconnues en France. Mais il en va de même avec la danse, ballets russes de Diaghilev, ainsi que dans les sociétés savantes qui ont très tôt procéder à des échanges entre la France et la Russie.
Les bardes russes du XXème siècle
En pleine période soviétique, la Russie artistique su faire parler d’elle, surtout auprès des russophones de France. Ils furent deux principaux poètes, ménestrels, bardes russes à attirer l’attention du public français, Boulat Okoudjava, et Vladimir Vissotski. Le premier fut considéré tel le "Brassens" russe avec des chansons réputées, François Villon, le soldat de papier (Бумажный солдат), la chanson de l’Arbat (Песенка об Арбате), , dans la continuité de la poésie russe, prenant en compte la réalité soviétique, et le second, mari de l’actrice Marina Vlady, Vladimir Vissotski fut un chanteur plus "engagé" dans la réalité soviétique, un poète plus rude et plus rugueux qui bien souvent pouvait "déplaire" au pouvoir en place. Ses chansons sont encore d’actualité, rue Grande Karetni (Большой Каретный), La ballade de l'enfance (Баллада о детстве), La Chasse aux Loups (Охота на волков).
Ainsi la relation entre la France et la Russie est au-delà de la "politique" des intérêts énergétiques, militaires ou financiers, mais peut- être une géopolitique qui ne peut se construire sans l’art et la science.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.