"L’Atlas secret du renseignement" par Bruno Fuligni
Comment tout savoir sur le renseignement en Europe et dans le monde ? Un livre recense tous les services concernés, avec des cartes détaillées.
Dans cette lourde actualité européenne, aujourd'hui, Micro européen ouvre un très beau livre qui pourrait être aussi un très beau cadeau de Noël, mais un livre ô combien instructif, écrit par un historien, Bruno Fuligni.
Avec ce livre, édité en partenariat avec Le Bureau des légendes, on va tout comprendre sur les services secrets. Il s'appelle L’Atlas secret du renseignement. Avec cartes et infographie pour découvrir la face cachée du monde du secret, c'est fort intéressant parce qu'on parle des services de renseignement, des fameux services secrets. Rencontre avec l'auteur.
franceinfo : Services de renseignement, services secrets : il y a une petite nuance entre les deux, renseignement intérieur et renseignement extérieur.
Bruno Fuligni : L'idée du livre, c'est de rassembler vraiment tout ce qu'on peut connaître sur les services secrets du monde entier aujourd'hui. Pourquoi un atlas ? Parce qu'on a souvent tendance à penser que le renseignement, c'est invisible, indétectable.
Et en fait, non, il y a plein de traces, il y a plein d'éléments qui peuvent se cartographier, d'où la présence d'une centaine de cartes ou de schémas qui permettent de montrer un peu où se trouvent les centrales, c'est-à-dire les sièges des grands services, où se trouvent les points de passage pour aller d'un pays à l'autre, discrètement. Où se trouvent les refuges, où se trouvent les endroits, où on peut facilement blanchir de l'argent, recruter des combattants, acheter des armes sans que ça se voit trop, etc...
Et puis, quand on regarde la carte et quand on fait de la géopolitique, la carte dit toujours tout ça, c'est une évidence...
Mais la carte est un document et les services de renseignement eux-mêmes produisent des cartes.
Vous passez en revue les différents services secrets internationaux. Dans tous ces services, vous en parlez dans votre livre, et on en parle peu aujourd'hui, dans cette actualité de guerre, ce sont les taupes ?
Et les taupes, c'est évidemment le rêve de tout service de renseignement, c'est d'avoir des taupes, et des taupes bien placées que l'on contrôle, qui travaillent pour vous, tout en étant dans un autre pays, et idéalement dans l'administration d'un autre pays, au niveau de la haute fonction publique, au niveau du gouvernement. Ou alors là, c'est vraiment la voie royale, si vous avez quelqu'un au sein d'un service de renseignement adverse.
Et dans l'industrie stratégique aussi…
Évidemment. Parfois, les services de contre-espionnage sont très contents de récupérer des taupes repenties, parce que, en fait, elles vont leur permettre d'envoyer de fausses informations à l'ennemi. Donc là, on entre dans ces jeux de miroirs infinis.
Et l'autre taupe, c'est celui de l'officier de renseignement, qui a été formé très jeune dans son pays, qu'on envoie dans un autre pays, et qui y fait toute sa vie : il se marie, a des enfants et il rentre justement dans la sphère ?
Alors là, ce sont des infiltrés, ce sont des clandestins, en mission de très longue durée. Les ex soviétiques, les russes savent faire cela. Il faut évidemment une abnégation incroyable de l'officier de renseignement qui accepte finalement de vivre la vie de quelqu'un d'autre.
Ça signifie parfois aller jusqu'au mariage, faire des enfants, bref, avoir une double vie totale. En apparence, vous êtes paisible, le citoyen d'un pays, et en réalité, vous êtes l'œil et les oreilles d'un autre pays rival, voire ennemi.
Page 200, Londres, là, on est dans le temple...
Oui, il y a Paris, Londres, dans les grandes villes de l'espionnage. Il y a évidemment les centrales qui ont été cartographiées, aussi tous ces endroits pratiques, le vieux Londres en fourmille, ces petites rues où vous pouvez facilement repérer si vous êtes suivi, qui débouchent sur une placette, elle-même débouchant sur un petit boyau qui vous permet d'arriver sur un parc, et donc de semer un éventuel poursuivant, aussi les lieux à double entrée.
Donc là aussi, ça a été une autre façon de cartographier le métier d'espion, c'est de prendre deux grandes métropoles, Paris et Londres, et de les montrer sous l'angle de l'espionnage.
Avez-vous rencontré beaucoup d'espions ?
J'ai espionné des espions. J'ai eu la chance de rencontrer d'abord des anciens et des moins anciens qui, bien sûr, ne m'ont jamais révélé ce sur quoi ils ont travaillé, mais qui ont accepté d'échanger sur leur technique, sur leur vécu, sur ce que c'est qu'être en mission clandestine à l'étranger. C'est beaucoup moins spectaculaire qu'un James Bond, mais avec des moments de sueurs froides tout à fait intéressants.
L’Atlas secret du renseignement par Bruno Fuligni est édité chez Gründ.
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