Le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme
Focus sur le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, avec Valérie Candau, directrice adjointe de la Fondation Cassin. Le père de cette Déclaration universelle des droits de l'Homme était René Cassin.
franceinfo : Qui était René Cassin ?
Valérie Candau : René Cassin était professeur de droit international à l'Université de Paris, il a également été vice-président du Conseil d'État, membre du Conseil constitutionnel, et président de la Cour européenne des droits de l'homme. Et ce qui nous intéresse, c'est qu'il a été nommé membre de la Commission des droits de l'homme des Nations unies en 1946, et il a obtenu le Prix Nobel de la paix en 1968.
Et René Cassin a rejoint le général de Gaulle le 24 juin 1940, depuis Saint-Jean-de-Luz, sur un bâtiment de la Royal Navy. René Cassin, après son Prix Nobel de la paix en 1968, en 1969, fonde l'Institut international des droits de l'homme, l'IDH, que l’on appelle aussi la Fondation René Cassin ?
Oui, tout à fait, qui, en 2015, est devenu une fondation d'utilité publique. Alors, quel est l'objet de cette association ? Il faut savoir qu'elle est apolitique, indépendante et que son objet est de promouvoir les droits de l'homme en France, mais également à travers le monde, par le biais de l'enseignement et de la recherche. Depuis sa création, nous avons formé plus de 60 000 participants et nous faisons appel à environ plus de 150 experts reconnus internationalement pour dispenser toutes nos formations.
Où êtes-vous situés ?
Nous sommes situés à Strasbourg, en plein cœur de la capitale européenne des droits de l'homme. Nous sommes à proximité de la Cour européenne des droits de l'homme, du Parlement de l'Union européenne, et du Conseil de l'Europe. Nous travaillons donc, vous le voyez, en collaboration directe avec tous les acteurs européens, pour faire vivre les valeurs de la paix, de la démocratie, des droits de l'homme et du dialogue entre les peuples.
Vous avez de quoi faire...
Oui, évidemment, il y a énormément de travail. Nous intervenons dans de nombreux pays, notamment nous sommes très présents sur le continent africain, par exemple au Burkina Faso, au Mali, au Cameroun, en Côte d'Ivoire, au Soudan, au Mozambique, au Sénégal. Mais nous intervenons également en Amérique du Sud, au Pérou, en Argentine, bientôt au Brésil. Nous avons pour projet d'intervenir en 2024, en Europe de l'Est, au Liban et également aux Philippines.
Revenons aux 75 ans de cette Déclaration universelle des droits de l'Homme que vous commémorez...
Oui, cette déclaration a été élaborée en réaction directe aux atrocités de la Seconde Guerre mondiale. Elle a été adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies le 10 décembre 1948, par 58 Etats membres de l'ONU, et depuis cette date, proclamée le 10 décembre Journée internationale des droits de l'Homme.
Cette déclaration a une portée universelle, et elle vise à énoncer les droits fondamentaux, inaliénables et inhérents à tous les êtres humains, sans aucune distinction de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique, d'origine nationale, sociale, de naissance ou en réalité de toute autre situation. Ce texte a une portée universelle. Il faut savoir qu'il est traduit dans plus de 500 langues différentes.
Et René Cassin est le père de cette Déclaration universelle des droits de l'Homme...
Il est considéré, avec Éléonore Roosevelt, comme le principal rédacteur de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Il faut savoir que cette déclaration est composée de 30 articles, chaque article détaillant un droit fondamental et René Cassin est considéré comme avoir grandement contribué à l'écriture de l'article premier, qui est très connu, qui énonce que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Mais également de l'article 3 qui dispose que tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.
Il faut néanmoins souligner que ce texte est l'un des textes les plus connus du système de l'Organisation des Nations unies. Il s'agit en réalité d'une résolution de l'Assemblée générale, elle n'a donc pas de valeur impérative. Il ne s'agit pas d'un traité, néanmoins, aujourd'hui encore, elle représente un véritable symbole de la protection des droits humains, au niveau international.
Cette Déclaration universelle des droits de l'Homme de 1948, l’un des textes les plus connus de l'Organisation des Nations unies, ce n'est pas un traité, est-ce un texte contraignant qui peut obliger un état à respecter les droits de l'homme ou pas ?
Ce n'est pas un texte contraignant, parce qu'il n'a pas de valeur impérative. Mais bien sûr, les États et les juridictions s'en inspirent largement.
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