Le Svalbard, un archipel arctique à fort enjeu
Le Micro européen s'intéresse au Svalbard, un archipel entre le Groenland et l'extrême nord de la Norvège, où se trouve le Spitzberg. En 1920, fut signé le traité du Svalbard qui confiait à la Norvège la souveraineté de ce petit territoire, mais avec une neutralité qui laisse la possibilité aux autres nations signataires de venir y exploiter les mines. Pour en parler, José-Manuel Lamarque est en compagnie de Vibeke Knoop-Rachline, une Norvégienne vivant à Paris.
franceinfo : Jusque dans les années 1990, il y avait beaucoup de Soviétiques au Svalbard ?
Vibeke Knoop-Rachline : Il y a encore beaucoup de Russes aujourd'hui, mais aussi des Chinois, et d'autres populations. Il y a aussi les Turcs qui viennent de signer le traité. C'est vrai que de manière générale, l'Arctique, comme on dit en englobant au-delà du Svalbard, attire de plus en plus de monde.
Que trouve-t-on dans le sous-sol, là-bas ?
Essentiellement du charbon. Mais d'autres ressources deviennent peut-être encore plus intéressantes, qui se trouvent sous la mer, comme les métaux rares et aussi évidemment le pétrole. Sans oublier les ressources de la mer que sont les poissons et les crabes. Ainsi un procès est actuellement en cours contre l'Etat norvégien, parce qu'un bateau letton est venu essayer de pêcher des crabes des neiges. Il s'est heurté à une interdiction de la Norvège qui considère qu'elle a aussi la souveraineté sur les pêches. Ce procès est donc l'occasion de revenir sur le traité de 1920 pour essayer de l'interpréter de la manière la plus juste possible : la Norvège a-t-elle la souveraineté aussi sur les mers, au-delà de la zone économique ? Ou bien n'importe qui peut-il venir y pêcher ?
Cet archipel est un lieu très stratégique. Si tout le monde y accédait, on imagine ce qui pourrait se passer ?
Absolument et c'est un lieu stratégique pour beaucoup de raisons. D'abord pour son emplacement tout près du pôle Nord, donc des États-Unis et de la Russie. Et d'autre part, il y a dans le fameux traité de 1920, un paragraphe qui dit que la Norvège peut utiliser l'argument de la protection de la nature pour empêcher d'autres de venir explorer les ressources.
Sans oublier que sous la mer, passent des câbles de communication ?
C'est vrai. La Norvège a également une longue frontière avec la Russie. Au nord du pays, le long de cette frontière, la Russie dispose d'armes nucléaires, dans la base sous-marine de Mourmansk. Et sur cette route passent les brise-glaces nucléaires russes.
Que va faire la Norvège ? Est-elle coincée ?
Un peu. À preuve, dans le procès actuel, c'est presque la première fois qu'il y a tous les juges de la Cour suprême qui travaillent en même temps. Ils doivent rendre un jugement déterminant entre l'Etat norvégien et l'armateur letton. Si jamais la Norvège perdait, ce serait catastrophique pour elle. Rappelons que la Norvège n'est pas membre de l'Union européenne, mais de l'Espace économique européen. Nous sommes devant une question juridique qu'il faut trancher, et d'autres pays peuvent éventuellement contester le jugement de la Cour suprême norvégienne. Ce qui veut dire qu'avec le résultat de ce procès, se joue l'avenir du Svalbard et de ses richesses.
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