Les Olympiades populaires de 1936 à Barcelone... n'ont pas eu lieu

Dans notre série, "C'était les Jeux olympiques" aujourd'hui, direction Barcelone 1936, avec Juan Jose Dorado, journaliste espagnol, correspondant à Paris. Des olympiades qui se sont tenues en protestation contre la tenue des Jeux olympiques de Berlin organisés par Hitler.
Article rédigé par franceinfo
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Les Olympiades populaires de Barcelone en 1936 n'ont jamais eu lieu. La cérémonie d'ouverture devait avoir lieu le 19 juillet 36, quelque 2000 athlètes de 22 pays étaient présents. Mais le 18 juillet, c'est le coup d'état du général Franco. (Ilustration) (MICHEL CLEMENTZ / MAXPPP)

En 1936 pour s'opposer aux JO de Berlin, les Catalans, les Espagnols et le gouvernement catalan, la Generalitat, créent les Olympiades populaires. Décryptage avec Juan Jose Dorado, journaliste espagnol, correspondant à Paris

franceinfo : Que se passe-t-il à ce moment-là à Barcelone ? 

En fait, ils accueillent les Olympiades populaires qui devaient avoir lieu, donc en juillet 1936, parce que quelques mois auparavant, à Paris, au mois d'avril, il y a eu une conférence internationale qui voulait lutter contre le fascisme et les Jeux Olympiques organisés à Berlin par Hitler. Et ils décident qu'ils vont organiser des Jeux qui vont s'appeler les Olympiades populaires, et ils demandent qui veut les accueillir ? Et puis Barcelone, le gouvernement catalan de l'époque dit : "Nous, on les accueille".

Donc, trois mois avant le 19 juillet 1936, cette décision est prise d'accueillir ces Jeux du côté de Barcelone, ce qui était complètement invraisemblable, dans le sens où on a logé des athlètes dans des maisons particulières, dans des appartements, dans des auberges, dans des hôtels bien sûr, mais parce qu'il n'y avait pas vraiment d'infrastructures pour accueillir plus de 2000 athlètes qui s'étaient inscrits à ces Jeux, avec 22 pays les représentant. La France était l'un des pays qui avait inscrit le plus d'athlètes.

Mais il y avait aussi quelque chose de différent dans ces Olympiades populaires, c'est le fait que souvent, c'étaient logiquement des athlètes qui étaient engagés à gauche, des athlètes hommes et femmes, énormément de femmes, parce qu'on voulait montrer le rôle des femmes dans les sports. Et puis il y avait des peuples qui n'avaient pas d'États. Vous aviez par exemple une équipe qui représentait le protectorat français du Maroc, mais une autre équipe qui représentait le protectorat espagnol du Maroc.

Il y avait même les régions qui étaient représentées, la Catalogne, le Pays basque, la Galice, mais il y avait aussi l'Alsace... Il y avait des peuples sans États, et des États avec un peuple, c'était aussi l'Allemagne antinazie et l'Italie antifasciste avec des sportifs qui étaient en exil et qui représentaient leur pays,mais ils les représentaient du côté de Barcelone, dans ces Olympiades populaires. 

Aussi des Américains, des Canadiens, ils étaient venus du monde entier. Sauf que voilà, les Jeux n'ont pas eu lieu ? 

Ils n'ont pas eu lieu parce que ça devait avoir lieu le 19 juillet 36, c'était la cérémonie d'ouverture. Mais le 18 juillet, c'est le coup d'État du général Franco. Et donc la guerre civile commence en Espagne, et vous retrouvez des centaines de milliers de sportifs étrangers, piégés en Espagne, à Barcelone. Donc certains vont partir très rapidement, mais d'autres vont rester en Espagne. 

Ils vont s'engager aux côtés de l'armée républicaine. Aujourd'hui, les historiens considèrent que c'est environ 200 athlètes qui sont restés en Espagne, pour participer à cette guerre civile contre le fascisme, contre le général Franco, qui s'était levé en armes contre la République. Mais d'autres athlètes n'ont pas pu venir parce que dès le coup d'État, la France ferme ses frontières, et donc énormément de Français n'ont pas pu venir à Barcelone.

Ces athlètes qui sont restés pour se battre aux côtés des Républicains, quelque part, ils sont les racines de ce que vont devenir les Brigades Internationales ?

Tout à fait, en fait, ces brigades étaient composées de soldats étrangers, des Allemands, des Italiens, des Canadiens, des Américains, beaucoup de Français qui, quand la frontière a été ouverte, sont passés en Espagne pour s'engager avec l'armée espagnole. Et donc effectivement, ces athlètes ont intégré pour la plupart ce qu'on appelait par la suite les Brigades Internationales, des étrangers qui luttaient pour défendre la République espagnole. 

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