Micro européen. Albanie 2019, l’espoir d’une longue attente
La route vers Bruxelles sera-t-elle enfin une réalité pour les Albanais ?
Depuis 2003, au sommet de Thessalonique, la perspective européenne s’était ouverte aux Balkans occidentaux, mais depuis, les choses vont plutôt lentement.
L'ouverture des négociations d'adhésion avec l'Albanie et la Macédoine du Nord sera-t-elle décidée par le Conseil des Affaires générales de l’Union européenne le 15 octobre prochain et entérinée par le Conseil européen les 17 ou 18 octobre suivants, beaucoup de points sont en suspension pour l’instant.
Les jeunes ne peuvent attendre…
Il est vrai que le départ de la jeunesse des pays de la zone des Balkans est flagrant. L’Albanie n’est pas en reste, la fragile construction démocratique, allant de pair avec la mise en place et le développement d’une économie digne de ce nom, est balbutiante.
C’est la raison pour laquelle le départ de la jeunesse, des forces vives du pays, de sa "matière grise" vers l’ouest, ralentit aussi le développement du pays qui, pour l’instant, a plutôt le choix du développement du tourisme, apportant ainsi les devises nécessaires au pays. En 2017, l’Albanie a perdu près de 60.000 habitants sur une population de plus de 3 millions. Et les départs continuent hélas.
Une histoire chaotique
Après de longs siècles d’occupation ottomane, l’Albanie proclame son indépendance le 28 novembre 1912, non sans mal. Elle sera ballottée et occupée en 1939 par l’Italie. En novembre 44 s’installera un régime communiste dirigé par Enver Hoxha, un des plus durs qui verra sa fin en 1991. Depuis, même si le pays est devenu membre du Conseil de l’Europe, de l’Otan, de l’Organisation internationale de la francophonie, il reste une des parcelles de cette mosaïque balkanique qui connaît encore et toujours des remous.
Ses voisins, Monténégro, Kosovo, Macédoine du nord et Grèce font que ce pays est tributaire des soubresauts régionaux. Il lui reste une façade maritime importante dont l'Albanie peut tirer bénéfices par le tourisme, et c’est à espérer, un développement maritime à l’image de son grand voisin grec.
D’encombrants encombrants
Mais ce pays doit faire face à l’arrivée dans la région de puissances étrangères, telles la Turquie, la Russie, la Chine et les États-Unis qui tentent de pénétrer les Balkans par des moyens divers et variés. Il faut dire que la région a souffert des guerres de Yougoslavie des années 90, ainsi que de la disparition du système titiste.
Les ex-républiques yougoslaves ont retrouvé leur indépendance et une nouvelle fois les Balkans n’ont à présenter qu’un puzzle cartographique. Encore faut-il bien comprendre que la question religieuse est d’actualité dans la région, entre catholiques, orthodoxes et musulmans, une réelle influence régionale qu’il faut prendre en compte.
Les récentes élections au Kosovo, voyant la victoire d’une opposition aux caciques de l’UCK, serait aussi un ballon d’oxygène pour l’Albanie qui ne peut éviter, d’une manière ou d’une autre, les tensions et influences kosovares. Pour elle, la porte de sortie, c’est la route vers l’Union européenne.
Une si longue attente
L’heure pour l’instant est à l’attente, et ce depuis le 28 avril 2009, quand l’Albanie a déposé sa candidature d’adhésion à l’Union européenne. Alors, Union européenne ou pas ?
Si oui, ce seront de longues négociations qui tout de même seront une bouffée d’oxygène pour un peuple qui attend beaucoup de Bruxelles pour enfin relever la tête et construire un pays viable. Ce serait aussi l’occasion pour beaucoup d’Albanais, du retour au pays, car un certain pourcentage d’entre eux, éduqués et formés à l’étranger, apporteraient la force créatrice et moderniste dans leur pays.
Petit signe, toutefois, qui pourrait être prometteur depuis le 10 octobre dernier, le Conseil pour les affaires économiques et financières de l'Union européenne a retiré l’Albanie de sa liste "grise" des paradis fiscaux. Alors, si les choses vont dans le bon sens pour l’Albanie, ce sera à la future présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de dénouer l’écheveau qui jusqu’à aujourd’hui empêche tout développement raisonnable dans les Balkans. Si l’Albanie en est le premier bout du cordage, ce sera peut-être le début de la fin d’une histoire où les Balkans ont été les grands oubliés du XXe siècle.
Le saviez-vous ?
Pour autant, l’Albanie ne nous est pas inconnue, tant ses célébrités jalonnent notre quotidien à commencer par Mère Teresa ; le romancier Ismaïl Kadaré ; l’experte en géopolitique et romancière, Arta Seiti ; Elina Duri, la chanteuse de jazz ; Maks Velo, l’architecte, peintre et romancier ; le chorégraphe Angelin Preljocaj ; la chanteuse Vaca Zela ; le plasticien Anri Sala ; les peintres Ibrahim Kodra, Adrian Paci ; Rita Ora, actrice, chanteuse et top model ; aussi Dua Lipa, Ana Oxa, Bebe Rexha, Ere Istrefi, notre invité, Ylljet Alicka, auteur et scénariste, sans oublier le héros national Skanderbeg. Au pays des aigles, ces derniers trouveront-ils enfin leur nid ?
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