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Micro européen. Le Conseil de l’Europe et la sécurité des journalistes

Créée le 4 décembre 2014 par le Conseil de l’Europe et les organisations partenaires, la plateforme pour la protection du journalisme et la sécurité des journalistes est un espace public et un outil du Conseil de l’Europe. Elle permet au Conseil d'être informé à temps, et d’agir de façon rapide et coordonnée quand cela s’avère nécessaire.

Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Améliorer la protection des journalistes, mieux répondre aux menaces et à la violence, être informé à temps, de manière plus systématique, et agir de façon rapide et coordonnée, quand cela s’avère nécessaire, le Conseil de l'Europe dispose d'une plateforme sur cette question depuis 2014. (Illustration) (NES / E+ / GETTY IMAGES)

La plateforme pour la protection du journalisme et la sécurité des journalistes, créée le 4 décembre 2014, est un outil du Conseil de l’Europe visant à faciliter la compilation, le traitement et la diffusion d’informations relatives à des préoccupations graves relatives à la liberté des médias et à la sécurité des journalistes, dans les États membres du Conseil de l’Europe, telles qu’elles sont garanties par l’Article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme.

Le but de cette plateforme est d’améliorer la protection des journalistes, mieux répondre aux menaces et à la violence dont les professionnels des médias font l’objet, favoriser des mécanismes d’alerte précoce et de capacité de réaction au sein du Conseil de l’Europe. Cette plateforme permet au Conseil de l’Europe d’être informé à temps, de manière plus systématique et d’agir de façon rapide et coordonnée quand cela s’avère nécessaire. La plateforme permet d’identifier les tendances et à proposer des réponses adéquates dans le domaine de la liberté des médias.   

Fonctionnement de la plateforme   

La plateforme est une collaboration entre le Conseil de l’Europe et des organisations professionnelles de journalistes, appelées organisations partenaires, soit Reporters sans frontières, la Fédération Internationale des Journalistes, la Fédération Européenne des Journalistes, l'Association des Journalistes Européens, Article 19 (organisation de défense des droits de l’homme fondée en 1987, qui défend et promeut la liberté d’expression et la liberté de l’information à travers le monde), le Comité pour la protection des journalistes, Index on Censorship, Insternational Press Institute, International News Safety Institute, the Rory Peck Trust, Pen International, European Center for Press and Media Freedom et Free Press Unlimited.

Un mémorandum d’accord a été signé entre le Conseil de l’Europe et ces organisations. Ainsi, la plateforme permet aux partenaires contributeurs de soumettre des alertes, après les avoir vérifiées selon leurs propres processus et normes. Chaque partenaire contributeur est responsable de l’information qu’il soumet. 

L’arsenal juridique du Conseil de l’Europe 

Comme l’a précisé notre invitée, la secrétaire générale du Conseil de l’Europe, Madame Marija Pejčinović Burić, la plateforme met également en lumière le travail mené par le Conseil de l’Europe dans le domaine de la liberté des médias, tels que les textes préparés par l’Assemblée parlementaire, les normes adoptées par le comité des ministres, et la jurisprudence pertinente de la Cour européenne des droits de l’homme.   

Les alertes concernant la sécurité des journalistes   

Le Conseil de l’Europe, première assemblée parlementaire européenne constituée en 1949, compte 47 États membres, les états membres de l’UE, 20 états hors UE et 6 états observateurs : les États-Unis, le Canada, le Japon, Israël, le Mexique et le Saint-Siège.

Aujourd’hui, 100 alertes concernant la sécurité des journalistes sont signalées dans 27 états membres dont la Turquie, deux journalistes ont été tués, l’un en Grèce et l’autre en Turquie, 121 journalistes sont détenus en prison, 21 en Turquie, 9 en Azerbaïdjan, 10 dans la Fédération de Russie, 3 en Ukraine et 1 au Royaume-Uni, et 25 meurtres de journalistes sont impunis, en Turquie, Azerbaïdjan, Ukraine, Malte, Serbie, Slovaquie, Monténégro, Fédération de Russie et Royaume-Uni.   

Une difficile réalité   

Même si cette plateforme a le mérite d’exister, il n’en reste pas moins que le cas de la sécurité des journalistes, dans les pays membres du Conseil de l’Europe et de la liberté de la presse, reste toutefois une réelle question à soulever.

Nombre de pays membres du Conseil de l’Europe sont loin de respecter la Convention des Droits de l’Homme, en tout premier lieu la Turquie dont on ne compte plus les exactions contre les journalistes, et pas seulement hélas, emprisonnements, condamnations, intimidations, voire meurtres, il en va de même pour certains pays de l’ex-Yougoslavie, en tête Kosovo (ex-province serbe non reconnue par la communauté internationale), Monténégro, Bosnie-Herzégovine et Macédoine du Nord. La Serbie et la Croatie sont aussi souvent pointées du doigt, quant à l’Albanie, l’Ukraine et l’Azerbaïdjan, ces états très instables ont encore un long chemin à parcourir quant à la liberté d’expression. Concernant la Fédération de Russie, elle n’est pas oubliée par les états membres du Conseil de l’Europe.  

Pour reprendre la citation de Cicéron : "Une maison sans livres est comme un corps sans âme", aujourd’hui un pays sans liberté d’expression est comme un corps sans vie…      

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