Denis Jeambar : face à la montée du FN et de l'islamisme, "pourquoi on ne s’est pas réveillé plus tôt ?"
L'écrivain et journaliste Denis Jeambar est l'invité de "Mise à jour", de Guy Birenbaum, à l'occasion de la sortie de son livre "Où cours-tu William..."
Le journaliste Denis Jeambar a dirigé la rédaction du Point avant de devenir directeur de l’antenne d’Europe 1, directeur de la rédaction de L’Express puis président des Editions du Seuil jusqu'en 2010. Il est aussi romancier. Son dernier livre, Où cours-tu William…(éd. Calmann-Lévy), paru le 18 août 2017, est un roman très contemporain et très noir.
C'est l'histoire d'un destin familial marqué par la Seconde Guerre mondiale et la déportation. Le personnage principal, William, garde ses distances, souffre parfois en silence et est accablé par la percée du "Parti sinistre", inspiré de l'extrême droite française.
La montée du FN et de l'islamisme
Bien que le livre ne soit pas autobiographique, ce personnage fait penser à Denis Jeambar : "Je ne vais pas vous dire le contraire : ça fait 30 ans que je suis préoccupé par la montée du Front national, que je suis préoccupé par la montée de l’islamisme, reconnaît le journaliste. J’ai souvent eu le sentiment, comme ce héros désenchanté, que je parlais dans le vide. Voir ce qu'il se passe aujourd'hui, par moments me fait dire : 'Mais, pourquoi on ne s’est pas réveillé plus tôt ?'."
"Dans les années 80 et 90, j’ai été extrêmement violemment attaqué par le Front national, confie Denis Jeambar. Il y a notamment eu "des lettres épouvantables" qu'il a montrées à ses filles "pour leur dire : 'Regardez ce que c’est l’antisémitisme parce que je suis d’origine juive.'", dit-il.
En 2006, "ils n'étaient pas Charlie"
En 2006, Denis Jeambar a publié dans L’Express les caricatures de Mahomet "en liaison avec Charlie Hebdo" et, "à ce moment-là, j’ai été traité d’islamophobe, de raciste, de tout ce qu'on peut imaginer", raconte-t-il. Parmi les auteurs de ces critiques, beaucoup ont dit : "Je suis Charlie" en 2015, après l'attentat contre la rédaction de l'hebdomadaire satirique. Or, en 2006, "ils n'étaient pas Charlie et nous étions très peu à être Charlie, rappelle Denis Jeambar. J'ai été l'une des trois personnes à témoigner dans le procès Charlie Hebdo."
Pour Denis Jeambar, "l’écriture est un moyen de se sauver". Dans son livre, William tente de raconter une histoire "pour poursuivre ses propres démons et voir s'il peut les évacuer lui-même en imaginant même qu'il va commettre un meurtre", explique l'écrivain. S'il devait faire une mise à jour, il n'effacerait "rien" parce qu'"il faut assumer absolument tout ce qu’on a fait" et "être un homme responsable dans la vie", conclut-il.
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