Marcela Iacub, écrivaine : "Le Che avait décidé de mourir en héros avant même d'être communiste"
Marcela Iacub, auteur et directeur de recherches au CNRS, est l'invitée de "Mise à jour", de Guy Birenbaum, à l'occasion de la sortie de son livre "Le Che à mort".
Marcela Iacub est une écrivaine argentine et directeur de recherches au CNRS. Elle a publié le 7 septembre Le Che à mort, un ouvrage très contrasté sur la vie et la mort de Che Guevara, le révolutionnaire argentin, aux éditions Robert Laffont. Elle a déjà publié Belle et bête, un livre consacré à sa relation passée avec Dominique Strauss-Kahn, et M le mari, qui évoque la complexité des relations amoureuses pour les femmes qui réussissent socialement.
Inspirée par les attentats de Charlie Hebdo
L'inspiration de son dernier livre, Le Che à mort, vient des attentats de Charlie Hebdo, en janvier 2015. "Ça m'a fait penser à des choses que j'avais lues et entendues dans le temps sur le Che, sur son rapport au sacrifice et à la mort", explique Marcela Iacub. Elle explore cette piste, s'intéresse au personnage et au regard qu'il posait sur sa propre mort. "C'était une façon de me guérir de la haine que j'avais contre ces tueurs." Marcela Iacub se plonge donc dans la vie et la mort de Che Guevara, avec en fil rouge les similitudes entre sa conception de la mort et celle des terroristes auteurs de l'attaque de janvier 2015.
Elle évoque notamment la notion de "mort propagande", prégnante chez les deux types de personnage. "C'est le fait de transformer sa mort, non pas en un avatar de combat, parce que quand on fait une guerre on doit être à perdre la vie pour gagner la guerre, mais à ce que cette mort soit un acte de prosélytisme." Selon elle, le Che est "un homme qui avait décidé de mourir en héros depuis qu'il était tout jeune, avant même d'être communiste".
Un personnage cynique, sadique et destructeur
Le livre de Marcela Iacbu présente le Che comme un personnage noir, en opposition avec la vision du révolutionnaire qui est inscrit dans la tradition populaire. "Il était cynique, il aimait la destruction et faisait preuve d'un sadisme quotidien", énumère l'auteur. Marcela Iacub ne craint pas de choquer avec cet ouvrage sur Che Guevara puisque, d'après elle, il était "à l'opposé de quelqu'un qui aime la vie." Toute la vie du Che a été guidé par l'objectif final de la révolution, selon elle.
La misère l'enchentait quand elle était le signe de la dévotion et du sacrifice à la révolution.
Marcela Iacub, auteur de "Le Che à mort"à franceinfo
Pour autant, Marcela Iacub a rédigé son livre avec une contrainte qu'elle s'est imposée dès le départ : ne pas juger Che Guevara. "Le pari que j'ai fais, et qui pour moi a été le plus difficile, c'était de sortir de la morale, de ne pas le juger", justifie cette directrice de recherches au CNRS. Elle a été guidée par une volonté forte : "Je voulais comprendre."
Et si elle devait faire une mise à jour, que voudrait corriger, modifier ou effacer Marcela Iacub ? "J'aimerais être une femme simple", répond-elle en souriant, avant d'admettre dans un rire qu'elle est une femme relativement compliquée.
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