Ovidie : "Booster sa libido, sexualité au top... On parle de sexe sans jamais parler de ce qui nous fait jouir"
La réalisatrice et ex-atrice de films porno Ovidie est l'invitée de "Mise à jour" pour la sortie de son livre, "A un clic du pire".
Ovidie est réalisatrice, journaliste et ancienne actrice de films pornographiques. Elle publie A un clic du pire, la protection des mineurs à l'épreuve d'internet (éditions Anne Carrière) et elle y revient sur l'accès de plus en plus facile à la pornographie, dont plus de 40% des films sont aujourd'hui visionnés sur des smartphone. Et le X n'échappe pas à la tendance de l'accès illimité et quasi gratuit à la culture et aux images. "La pornographie fait partie de notre environnement culturel aujourd'hui, au même titre que les séries, la publicité, la musique... C'est très présent, c'est hyper accessible et ça touche tout le monde."
Porn-culture et déficit d'éducation
Et Ovidie met en garde sur l'abus et la surexposition des mineurs au porno. "95% de la consommation du porno dans le monde passe par les 'tubes', les sites de streaming." La moitié des garçons de moins de 10 ans a déjà vu des images pornographies et les jeunes sexuellement actifs essaient de reproduire ce qu'ils ont vu sur les écrans. "On vit dans un environnement qui est baigné par la porn-culture. Et sur l'éducation, il manque quand même quelque chose."
"Aujourd'hui, on parle beaucoup de sexe en termes mercantiles et de performance, et pas beaucoup en termes de plaisir. On est dans la représentation, dans un simulacre de liberté sexuelle. On encourage les femmes à se conformer à de nouvelles normes, avec des pratiques obligatoires au risque de passer pour prude, pour satisfaire leur partenaire présupposé masculin. On ne parle pas forcément de plaisir et de désir."
Ovidie pointe l'irruption d'un vocabulaire qui tient plus du marketing que de la sexualité. "On parle de booster sa libido, d'avoir une sexualité au top... On parle de sexualité comme de création d'entreprise, sans jamais parler de ce qui nous fait jouir."
Et si elle pouvait changer quelque chose à sa vie, quelle mise à jour ferait Ovidie ? "Je ne changerais rien. Même si souvent je paie le prix fort des choix que j'ai fait il y a vingt ans, cela m'a permis de publier mon premier livre à 20 ans, de réaliser mon premier film à 19 ans. Je ne vais pas cracher dans la soupe, il y a quelques films que je n'aurais pas dû faire mais globalement je ne regrette pas grand-chose."
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