La toxicité des jouets
L'étude de Que Choisir a choisi de s'intéresser aux petits car ils constituent la population la plus fragile face au risque chimique, explique Sandrine Chesnais. Ils mettent tout à la bouche, ils mâchouillent leurs jouets préférés à longueur de temps, il y a donc un vrai risque d’ingestion de composés toxiques s’ils sont présents dans le jouet. C’est un problème spécifique aux jeunes enfants, qui n’existe plus quand ils grandissent.
Les substances recherchées sont celles, très préoccupantes, que nous dénonçons depuis plusieurs années : le formaldéhyde qui est un composé cancérigène et très irritant, le bisphénol A qui défraie la chronique depuis quelque temps et qui est particulièrement nocif pour les bébés, il a d’ailleurs été interdit dans les biberons, les phtalates qui sont interdits mais qu’on trouve parfois dans des jouets fabriqués en Asie. Tous ces composés très nocifs sont absents des jouets que nous avons testés, c’est rassurant pour les familles.
Même s'il y a des analyses rassurantes, il y en a d’autres qui nous inquiètent. Nous avons recherché d’autres substances qui sont aujourd’hui jugées moins problématiques en France mais qui font l’objet d’interdictions en Allemagne ou de demandes d’interdiction, ce sont des dérivés du pétrole présents à très faibles doses, ils ont un classement de cancérigène possible ou probable, il serait préférable de les interdire dans les jouets destinés aux tout petits. Et puis nous avons saisi l’Anses sur certains composés qui remplacent les phtalates dans les jouets en plastique. Le problème, c’est qu’on n’a pas d’évaluation de leur toxicité, ils sont peut-être sans risques mais aujourd’hui on les utilise sans le savoir. Pour une population aussi vulnérable que les jeunes enfants ce n’est pas acceptable, il faut être sûr qu’ils sont sans danger, c’est pourquoi nous demandons à l’Anses de les évaluer et de se prononcer.
Une nouvelle directive européenne sur les jouets entre en vigueur progressivement, les professionnels la trouvent très contraignante, pourtant il y a du bon dans cette directive. Elle devrait éliminer les jouets dangereux du marché ou en tout cas réduire significativement le risque. Jusqu’à l’été, en cas de problème, les professionnels ne couraient pas grand risque si le jouet portait le sigle CE. Désormais c’est fini, toute la chaîne est responsable, du fabricant à l’importateur jusqu’au distributeur, ils doivent tous pouvoir prouver que la conformité du jouet a été vérifiée. On devrait donc avoir des jouets plus sûrs. Concernant le risque chimique, par contre, la directive reste trop laxiste, les jouets que nous avons testés et qui contiennent des substances nocives resteront conformes quand ce volet entrera en vigueur.
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