Une bouche artificielle permet d'élaborer des plats adaptés au vieillissement de la population

Les scientifiques analysent avec cette machine les mécanismes de déstructuration des aliments afin de limiter les risques de fausses routes qui sont aujourd'hui la cause de nombreux décès de personnes âgées.
Article rédigé par Nicolas Arpagian
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
La bouche artificielle est une prothèse en silicone, gonflable par air comprimé, qui reconstitue in vivo les différentes phases de décomposition des aliments dans la bouche et permet de simuler les mouvements et actions liés à l’élasticité, la mouillabilité et la rugosité de la langue humaine. (INRAE - ALEJANDRO AVILA-SIERRA)

Le vieillissement de la population est un vrai sujet de santé publique. Avec des pathologies propres au grand âge, comme les troubles de la salivation, de la déglutition ou la perte de tonus musculaire.

Jusqu’à présent, les chercheurs effectuaient des tests in vitro, en milieu artificiel, pour comprendre comment des aliments pouvaient être absorbés au mieux par les personnes âgées. Notamment, ceux qui sont les plus adaptés à leurs capacités de mastication. Les chercheurs faisaient également appel à des testeurs témoins, qui décrivaient par le menu les étapes de mastication et leur ressenti. En insistant sur l’importance du rôle de la langue et leurs sensations.

Des tests in vivo

Une équipe de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) vient de publier dans la revue Scientific Reports ses travaux relatifs à une bouche artificielle, dotée d’une langue robotisée. Il s’agit d’une prothèse en silicone, gonflable par air comprimé, qui reconstitue in vivo les différentes phases de décomposition des aliments dans la bouche, et permet de simuler les mouvements et actions liés à l’élasticité, la mouillabilité et la rugosité de la langue humaine.

Beaucoup de science pour reconstituer ce que l’on fait en principe naturellement

Ce sont deux années de travail, et plusieurs prototypes, combinés aux données anatomiques mesurées à la Fujita Health University au Japon, pour reconstituer les mouvements qui ont été préalablement enregistrés lors d’échographies, prises chez des humains.

Cette technologie a été testée avec des aliments mous, achetés dans le commerce : une crème dessert, une mousse au chocolat et un fondant au chocolat. La prochaine étape est d’inclure une dentition, afin d’ajouter la pratique de la mastication dans ces analyses.

L’objectif est bien de comprendre comment les aliments se déstructurent dans la bouche. Afin que les futures recettes prennent en compte ces caractéristiques, et que l’on sache ainsi adapter l’alimentation à une population vieillissante, particulièrement exposée aux risques de fausses routes et de suffocation.

Ils représentent aujourd’hui quelque 4 000 décès chaque année en France. Tous les pays sont concernés, ainsi en Grande-Bretagne, l’Office for National Statistics (ONS) indique que 85% des décès par étouffement résultent d’une mauvaise mastication des aliments.

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