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Discriminations à l'embauche : ce que font les entreprises qui s'engagent

Le gouvernement présente ce matin une grande campagne d'affichage pour lutter contre les discriminations à l'embauche. Quatre ministres, dont Myriam El Khomri et Emmanuel Macron veulent convaincre les entreprises qu'il faut lutter contre les stéréotypes et faire de la place à tout le monde. Certaines entreprises n'ont pas attendu pour s'engager dans cette voie.
Article rédigé par Philippe Duport
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (photo d'illustration © Maxppp)

Toutes les entreprises du CAC 40 se targuent de mettre en valeur "la diversité". C'est devenu un mot à la mode dans la communication institutionnelle des grandes boites. Mais certaines vont vraiment au charbon. Celle qui est souvent considérée comme la championne de France de la discipline n'est pas connue du tout. C'est une PME, elle s'appelle Norsys. C'est une SSII, une société de services informatiques basée à Lille. On lui a même décerné une certification rarissime, l'ISO 26000 dont elle est la seule à s'être hissée au niveau "exemplaire", c'est-à-dire les plus chaudes félicitations du jury. Alors qu'est-ce qu'elle a fait pour mériter ça ? D'abord depuis plus de dix ans, elle ne recrute que sur la base du CV anonyme. Un responsable RH est chargé de transformer tous les CV en candidature neutre : impossible de dire l'âge, le sexe ou l'adresse. On enlève tous les "e" qui pourrait trahir une femme. On ne garde que les expériences professionnelles qui ont moins de quinze ans. Impossible donc de savoir si on a affaire à un senior. Puis le candidat est reçu, mais par plusieurs personnes. C'est la codécision pour lutter contre les préjugés individuels. Résultat : Norsys, qui recrute 80 personnes par an, attire les meilleurs profils. Au passage, elle enregistre 15% de croissance là où le secteur ne fait que 1,5%...

Très peu d'entreprises utilisent le CV anonyme

La Poste, Axa, la RATP, Free, Accor... Mais la mesure a été enterrée il y a un an. Ce qui se pratique beaucoup ce sont les formations internes pour lutter contre les stéréotypes. Il y a aussi les auto-testing. On envoie des candidatures dont seuls le nom ou l'adresse change pour voir si ses propres recruteurs discriminent. Il y a aussi la méthode des questionnaires envoyés aux salariés. "Vous estimez-vous discriminés ? Etes-vous témoin de discriminations". Le Medef a mis au point un excellent questionnaire qu'il tient à la disposition de ses adhérents. Et enfin certaines boites ont mis en place des cellules internes qui recueillent les cas de discriminations.

Mais lutter contre les discriminations, qu'est-ce que ça rapporte ? Le premier apport, c'est un peu cynique, c'est la sécurité. L'assurance de ne pas se faire traîner devant les tribunaux ou le Défenseurs des droits. Mais il y a aussi la fameuse "marque employeur". Quand on est vertueux, ça se sait. On attire les meilleurs. Et au final, ça, c'est de la performance économique.

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