Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre 2016 : "C'est important de raconter les conditions de vie après un conflit"
La reporter de guerre Virginie Nguyen Hoang expose à Bayeux ses photos de Gaza prises après la guerre de l'été 2014. Le palmarès du prix qui rend "hommage aux journalistes qui exercent leur métier dans des conditions périlleuses" sera dévoilé samedi 8 octobre.
A l'occasion du prix Bayeux-Calvados 2016 des correspondants de guerre, la photojournaliste Virginie Nguyen Hoang présente son reportage intitulé "The Aftermath", "les séquelles" en français. La Belge s'est rendue cinq fois dans la bande de Gaza. Ses photos sont à voir au musée Baron-Gérard de Bayeux jusqu'au 30 octobre.
franceinfo : Pourquoi avoir décidé de réaliser un reportage dans la bande de Gaza ?
Virginie Nguyen Hoang : J'ai couvert le conflit dans la bande de Gaza en 2014. Une fois cette guerre terminée, je me suis dit qu'il était important de raconter les conséquences de cette guerre sur les Gazaouis. J'ai donc suivi quatre familles qui vivent dans quatre endroits différents de Gaza et qui ont pour point commun d'avoir perdu totalement ou une partie de leur maison.
Je trouvais qu'il était important de raconter les conditions de vie après un conflit et comment les personnes se reconstruisent matériellement et psychologiquement. Les gens que je rencontre ont de l'espoir. À travers mon reportage, je montre un autre aspect de Gaza. Les habitants continuent à vivre et à se battre au quotidien pour montrer que, même si la situation est difficile, ils gardent l'espoir qu'un jour la situation s'améliorera.
Qu'est-ce-qui vous pousse à choisir des terrains difficiles ?
Je ne travaille pas que sur des conflits, j'ai une approche sociale également. Ce qui m'intéresse, ce sont les conséquences de la guerre sur une population locale. Je me focalise uniquement sur la population, et pas sur les forces armées. (...) En tant que photojournaliste, normalement, il faut rester neutre mais ce n'est pas toujours facile. Quand on voit qu'une partie est plus touchée que l'autre, c'est difficile de prendre du recul. À la fin, on devient un peu engagé. Mais je reste témoin car le but de mon travail est de montrer la réalité.
Lorsqu'on est correspondant de guerre, y-a-t-il des moments où on craint pour sa propre vie ?
Oui, et la peur est le sentiment qui nous permet d'avoir certaines limites. Par exemple, ça m'est arrivé lors du bombardement de Gaza : les bombes tombaient tout près de l'endroit où je logeais. Tout d'abord, il ne faut pas paniquer et se renseigner pour trouver un lieu moins dangereux. Et puis, l'appareil photo permet de mettre une barrière entre moi et la réalité. Quand je prends une photo, je garde toujours l'autre œil ouvert, pour pouvoir m'enfuir en cas de danger.
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