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Planète influenceurs. Alice Pataxo, l'indigène brésilienne qui veut déconstruire les clichés sur sa communauté

Cet été, franceinfo vous emmène à la rencontre des influenceurs et des influenceuses du monde. Chaque jour, un homme ou une femme qui s'engage et met sa notoriété numérique au service d'une cause. La jeune indigène brésilienne, Alice Pataxo, veut défendre les croyances des peuples natifs du Brésil.

Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Alice Pataxo (CAPTURE D'ÉCRAN INSTAGRAM)

"Les gens me disaient : 'mais ce n'est pas possible d’être indigène, d’avoir un téléphone portable et de tweeter", lance Alice Pataxo. La jeune femme vient de fêter ses 20 ans et sur son compte Instagram, elle joue volontiers les modèles devant l’objectif, soigne méticuleusement ses coiffes de plumes, ses peintures corporelles, les tenues traditionnelles de son peuple, les indiens Pataxo.

De l'esthétique, du glamour, mais les messages qu'elle délivre n'ont rien de futile. "C’est vraiment un besoin pour moi d’essayer que les gens comprennent ce que l’on raconte depuis plus de 500 ans", affirme-t-elle. La jeune indigène brésilienne, veut montrer qu'on peut défendre les croyances des peuples natifs du Brésil sans pour autant se couper du monde.

Rediscuter le concept colonial d'assimilation

Alice Pataxo vit au sein de sa communauté au bord de l'océan Atlantique, près de Porto Seguro dans l'état de Bahia. Lorsqu'elle est sortie pour la première fois de sa communauté, qu'elle est passée de l'école indigène à l'école publique, elle a dû faire face à de nombreuses questions. "'Mais il n’y a que ta mère qui est indigène, toi tu ne l’es pas', me disait-on. Comme si ça diminuait l’appartenance à ma communauté, à ma culture, ça m’agaçait beaucoup, se souvient-elle. Je corrigeais mes profs aussi quand ils parlaient de la culture indigène de manière erronée."

Alice et sa bande veulent tordre le cou aux stéréotypes et expliquer qu’on peut être indigène et ne pas avoir les cheveux lisses, qu’on peut être indigène et être bisexuelle, parler portugais et étudier à la fac.

Des messages, des échanges, avec plus de 80 000 abonnés pour rappeler les combats des communautés, la défense des territoires, l'accès à la santé, à l’éducation, mais aussi ouvrir le débat au sein de son groupe. "Sur les problématiques indigènes, je m’adresse aussi aux membres de ma communauté quand j’évoque le machisme dans la hiérarchie indigène, les violences conjugales, les revendications des jeunes ou l’homophobie... On doit parler de tout ça", clame-t-elle.

Les femmes au premier plan pour défendre les droits des indigènes

La puissance des réseaux sociaux est au service des 215 peuples autochtones encore recensés sur le territoire. "Certains pensent que l’on n'existe plus, ils pensent que nous ne sommes pas civilisés, ils nous réduisent à des figures de carnaval", témoigne Alice Pataxo.

Je ne suis pas votre personnage imaginaire. Nous sommes ici, vivants et nous résistons en essayant de protéger notre culture, nos peuples, notre forêt... La question est : qui est de notre côté ? Où sont ces personnes ?

Alice Pataxo, jeune indigène brésilienne

Depuis quelques années au Brésil, des visages féminins ont pris la tête des cortèges pour revendiquer les droits des indigènes. L'unique représentante au Parlement de ces peuples natifs est également une femme. Dans leur sillage, Alice Pataxo choisit la méthode décapante des réseaux pour défendre les siens.

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