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Planète Sport. Le Kenya, eldorado de l’athlétisme, plombé par les affaires de dopage

Le pays d’Afrique de l’Est demeure encore et toujours la superpuissance de la course de fond, avec des athlètes qui trustent les podiums, du 1 500 mètres au marathon. Mais la multiplication des cas de dopage ces dernières années a en partie terni cette image.

Article rédigé par Cyril Sauvageot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Eliud Kipchoge paradant avec le drapeau du Kenya, après avoir réussi à finir un marathon sous la barre des 2 heures, le 12 octobre 2019. (CHRISTIAN BRUNA / EPA)

Marathon de Londres 2017 : le jeune Kenyan Daniel Wanjiru crée la surprise en s’imposant devant les favoris. Nouvelle pépite de l’athlétisme kényan, le marathonien va chuter de son piédestal trois ans plus tard, suspendu pour dopage au printemps 2020. Une nouvelle affaire qui vient s’ajouter à beaucoup d’autres.

Une soixantaine d’athlètes kenyans de haut niveau ont été contrôlés positifs ces dernières années. "Au départ, on pensait que ça concernait plutôt des coureurs de seconde zone. Et puis, à partir de 2016, sont tombés des très grands marathoniens et marathoniennes, champions olympiques, vainqueurs des plus grands marathons comme Chicago ou New York", explique Nicolas Herbelot, spécialiste athlétisme au journal L’Équipe.  "Donc il y a un très gros souci de dopage au Kenya, qui est d’autant plus important qu’il n’y a pas d’État fort pour lutter contre cette pratique, poursuit-il. Je pense plus à de l’incompétence qu’à une volonté de couvrir les cas. D’ailleurs on ne reproche pas du tout au Kenya ce qu’on reproche à la Russie." 

Si on ne peut pas parler de dopage d’État, la situation est suffisamment préoccupante pour que l’Agence mondiale antidopage ait jugé bon de placer le Kenya sur la liste des nations à surveiller de près. Le pays a d’ailleurs frôlé la suspension aux Jeux Olympiques de Rio en 2016.

Fierté et argent

Pour le Kenya, pourvoyeur des plus grands champions de course de fond, l’athlétisme demeure le principal motif de fierté nationale. C’est le seul moyen, ou presque, pour Nairobi d’exister sur la scène internationale. Lieu d'entraînement et de formation des champions, la vallée du rift est un véritable eldorado de la course à pied. Et les retombées pour le pays ne sont pas négligeables, rappelle Nicolas Herbelot. "C’est bon pour l’image, c’est bon pour l’économie. D’une part, ça attire pas mal de tourisme sportif. Beaucoup d’Européens, d’Américains, d’Australiens, s’y installent pendant un mois et courent. Et ensuite il y a l’argent que ramènent les athlètes kenyans au pays."

Tous les grands champions sont de grands propriétaires terriens, ils font vivre des villages entiers. Donc, l’économie très rurale de l’ouest du Kenya est très dépendante de l’argent ramené par les coureurs.

Nicolas Herbelot

à franceinfo

Les autorités, soucieuses de préserver cette manne économique et de sauver leur image à l'étranger, ont annoncé des mesures pour renforcer la lutte anti-dopage. Mais la faiblesse de l’État laisse planer le doute. En attendant, les Kenyans se consolent en se disant que le plus grand de tous leurs marathoniens, Eliud Kipchoge, le premier homme à être passé sous la barre des 2 heures, n’a jamais été contrôlé positif.

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