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L’Arménie sous les radars médiatiques

Aujourd’hui dans "Profession reporter", l’Arménie et la situation toujours aussi tendue dans le Haut-Karabakh. Les précisions d'un grand reporter documentariste qui connaît bien la zone, Olivier Weber.
Article rédigé par franceinfo - Eric Valmir
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
26 septembre 2022. Nord-est de l'Arménie : Gegharkunik. La maison de Marina a été bombardée par les Azéris pendant la guerre des deux jours. Aucune victime, mais ils ont tout perdu. Marina, devant ses tracteurs détruits. (CHRIS HUBY / LE PICTORIUM / MAXPPP)

La situation de l’Arménie avec l’Azerbaïdjan n’occupe pas vraiment la une de l’actualité. La guerre en Ukraine occulte un peu cette crise que quelques journalistes couvrent de temps à autre, en se rendant dans le Haut-Karabakh, point de crispation historique entre les deux pays. Parce que le sujet n’est pas assez couvert journalistiquement et expliqué, le grand reporter Olivier Weber et son ami écrivain, Sylvain Tesson, ont décidé de se rendre sur place pour tourner un film avec l’ambition de documenter le conflit.

Dans le Caucase du Sud, l’enclave arménienne du Haut-Karabakh en Azerbaïdjan reste un sujet de tensions, plus de deux ans après la guerre des 44 jours, que les Azéris avaient dominée avec le soutien de la Turquie. Un cessez-le-feu a été signé le 9 novembre 2020 sous l’égide de la Russie, mais alors que les négociations se poursuivent entre Erevan et Bakou, il n’y a pour l’heure aucun accord de paix.

2 février 2023. Arménie, Latchine. Les postes militaires sur la ligne de front dans le corridor de Latchine, près du village d'Aravus. Les volontaires tiennent des postes face aux nombreux postes azéris. (GILLES BADER / LE PICTORIUM / MAXPPP)

À la frontière, les incidents se multiplient

En septembre dernier, des combats ont fait plus de 280 morts des deux côtés, faisant craindre une nouvelle guerre. L’Arménie s’est alors tournée vers son allié, Moscou, pour qu’il envoie les troupes de l’organisation du traité de sécurité collective, par lequel les deux pays sont liés. La Russie, accaparée par la guerre en Ukraine, peine à jouer son rôle d’arbitre dans la région, et les conséquences sont désastreuses sur le terrain.

Depuis le 12 décembre 2022, le corridor de Latchin, cordon ombilical reliant la république autoproclamée de l’Artsakh (Haut-Karabakh) au reste de l’Arménie, est bloqué par des miliciens azéris ou agents parfois déguisés en manifestants écologistes. Près de 120 000 personnes demeurent coupées du monde, les stocks de nourriture s’épuisent, le gaz est coupé. Les enjeux de Bakou sont clairs : asphyxier la population arménienne de l’Artsakh, pour l’obliger à quitter l’Azerbaïdjan. Les déplacements de population sont nombreux, le sort des déplacés alarmant.

4 février 2023. Arménie. Stepanakert - Artsakh. Les conséquences du blocus azéri : des naissances pendant le blocus à la maternité de Stepanakert. (MARUT VANYAN / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Une crise insuffisamment traitée par les médias

Parce qu’ils jugent que cette crise est sous-traitée médiatiquement – d’autres crises internationales comme la guerre en Ukraine ont des retentissements plus factuels – la situation en Arménie, toute aussi désastreuse soit-elle, s’est enlisée dans un conflit dit de basse intensité. Le grand reporter Olivier Weber et l’écrivain Sylvain Tesson ont projeté de documenter la situation dans ce corridor, par le tournage d’un film documentaire.

Traditionnellement, un tel projet passe par des présentations à des chaînes de télévisions ou des sociétés de production pour financer le film. L’urgence de la situation fait que le journaliste et l’écrivain, avec l’équipe de réalisation, n’ont pas le temps d’entreprendre les démarches. C’est maintenant qu’il faut aller sur le terrain, faire les images, recueillir les témoignages, recouper les informations.

Alors, fait rare, ils ont lancé un appel à un financement participatif auprès de leurs proches. Mais quoi qu’il en soit, le tournage se fera. Olivier Weber rentre d’ailleurs de repérages, lui qui est familier de cette zone frontalière, qu’il parcourt depuis 30 ans.

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