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Médecin reporter : depuis la pandémie, les médecins et urgentistes informent sur les plateaux télé et les antennes radio

La crise sanitaire a dépêché sur les plateaux radios et télé un grand nombre de médecins, chargés d’exposer le point de vue de la science et de répondre aux questions.
Article rédigé par franceinfo - Eric Valmir
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Doc FX a investi dans du matériel pour créer un studio high-tech chez lui et lancer sa chaîne You Tube. (FRANCOIS-XAVIER MORONVAL)

Coup de projecteur sur des médecins deviennent reporters. La pandémie a favorisé l’émergence du phénomène : les généralistes et les urgentistes s’emparent des antennes pour informer, raconter l’hôpital vu de l’intérieur ou parler pathologie. Un urgentiste de Nancy a même créé sa chaîne Youtube. Il s'appelle Doc  FX.

Les médecins sur les antennes de radio et les plateaux télé, ce n’est pas une affaire nouvelle. Michel Cymès avait démarré sur franceinfo, il y a 25 ans. Depuis la pandémie, les médecins et urgentistes ont trouvé un écho important sur les réseaux sociaux. Jean-Daniel Flaysakier puis Damien Mascret sont devenus des figures du journal télévisé sur France Télévisions.

"J’ai créé ma chaîne You Tube parce que je me suis rendu compte que je faisais du journalisme sans le savoir", Doc FX. (DOC FX / FRANCOIS-XAVIER MORONVAL)


François-Xavier se lance, après avoir constaté l’émergence d’une communauté autour de son compte Twitter. Doc FX, médecin urgentiste à Epinal, puis à Nancy, a pourtant traversé des moments difficiles sur les réseaux sociaux. Sa position pour le vaccin, lui vaut des menaces de mort. Qu’importe, l’époque demande un engagement fort de la communauté scientifique pour contrer la désinformation et les positions partisanes.

Il investit sur fonds propres dans du matériel, pour créer un studio high-tech chez lui, et lancer sa chaîne You Tube. C’était en septembre 2022, et depuis, son audience ne cesse de grandir. Il n’est pas influenceur, le domaine de Doc FX, c’est la santé publique. Publier des vidéos pour répondre aux questions qui lui sont posées en consultation, ou pour expliquer "pourquoi on attend si longtemps aux urgences", raconter le service vu de l’intérieur, tout en étant pédagogue, factuel et non militant. C’est un point important.

Si parfois, la question des sous-effectifs est évoquée, c’est pour souligner une lourdeur et une difficulté, mais jamais sur un ton revendicatif. Ce n’est pas le propos. Dans un style speed, monté serré façon YouTube, l’objectif avoué est aussi de capter un public jeune, trop souvent bombardé de fausses informations, surtout dans le domaine de la santé. Doc FX les surnomme "les légendes urbaines".

Quand on souffre d’une pathologie, on se précipite sur Internet, et souvent, ce que l’on trouve, c’est du "n’importe quoi" qui angoisse. Alors pour "viraliser" le vrai, donner une information fiable de santé publique, qui permette au citoyen d’acquérir de bons réflexes avant d’aller aux urgences, ou des postures justes dans les gestes qui sauvent, Doc FX donne de son temps : comment pratiquer un massage cardiaque, identifier la nature du vertige dont on est victime. Doc FX, dans son exercice de médecin reporter, répond à un besoin dicté par l’époque. Un besoin d’info.

Depuis, la pandémie, les généralistes et les urgentistes s’emparent des antennes pour informer, raconter l’hôpital, vu de l’intérieur, ou pour parler pathologie. (DOC FX / FRANCOIS-XAVIER MORONVAL)

Le journalisme santé ne s’enseigne pas

Soit on est journaliste intéressé par la question, et on se spécialise, soit on est médecin et l’envie de transmission d’information entraîne dans les salles de rédaction. "Je ne suis pas journaliste, je suis médecin !" : cette phrase que l’on doit au docteur Gérald Kierzek, troisième personnalité la plus présente sur les JT nationaux entre le 18 janvier et le 3 juillet 2020, tous les médecins ou urgentistes qui interviennent dans la sphère média la répète.  

Ce phénomène journaliste médecin articule valeurs morales et progrès des sciences, au nom d’une information de santé publique qui ne soit ni politique, ni économique, et n’entrant pas dans un domaine de conflits d’intérêts. Celles et ceux qui s’engagent dans la profession médecin reporter cherchent d’abord à entretenir un idéal professionnel, fait de foi scientifique, d’amour de la vérité, de liberté de jugement, d’indépendance de caractère, d’esprit de solidarité large et tolérant, de désintéressement.

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