Profession : reporter. Couvrir le procès de Nordahl Lelandais à l'antenne et sur les réseaux sociaux
Aucun procès ne ressemble à un autre. Quand les faits jugés devant une cour d'Assises ont fait la une de l'actualité pendant des mois dans toute la dimension monstrueuse qu'ils portaient, les débats dans le Palais de Justice sont attendus. Aux journalistes présents dans les salles d'audience de rapporter avec précision ce qui se dit, se plaide, et se joue. Retour sur le procès Nordahl Lelandais.
Il y a d'abord l'émotion. Les faits sont horribles et rien ne sert d'ajouter l'horreur à l'horreur. Anabelle Gallotti et Véronique Pueyo, qui ont respectivement suivi les débats pour France Bleu Pays de Savoie et France Bleu Isère, ont laissé l'émotion irriguer leurs comptes rendus.
Dimension humaine et charge émotionnelle
La dimension humaine avec la charge émotionnelle qu'elle comporte est un vecteur important dans un procès. Alors que les débats n'ont pas encore commencé, il y a le père d'Arthur Noyer qui vient prendre dans ses bras la mère de l'assassin de son fils. Un ton est donné. Il n'y aura pas de cris et d'agitations, pas de dramatisation d'un drame déjà assez douloureux pour les parties en présence.
Durant toutes ces journées d'audience, la salle pleine – tout le monde n'a pu entrer tant le public est nombreux – ce public qui, à l'extérieur comme à l'intérieur est resté calme, au diapason de la famille de la famille de la victime.
Les crimes de Nordhal Lelandais ont secoué la région
De Montmélian à Domessin, jusqu'à tout l'avant-pays savoyard, terres marquées par les agissements meurtriers de l'accusé qui colle à l'image de la région. Une connotation évidemment négative. Habiter un coin, théâtre d'opération d'un tueur en série, n'a jamais valorisé un territoire. Et pourtant, ce public descendu à Chambéry n'a pas élevé la voix pendant les débats. Et à l'énoncé du verdict, c'est la mère de Nordhal Lelandais qui a fait un geste en direction des parents d'Arthur Noyer.
Quand une région est à ce point touchée par une affaire judiciaire, la locale de France Bleu se mobilise pour la vivre, la comprendre, la décrypter si besoin. Bien avant le début du procès, France Bleu Pays de Savoie est retournée sur le terrain en reportage. À Domessin, où vivent la famille de Nordhal Lelandais et ceux qui étaient ses amis. À Pont-de-Beauvoisin traumatisé par la disparition de Maelys et explorer comment l'ombre de la petite fille enlevée et tuée planait sur ce procès.
Des retours sur l'enquête avec le général Patrick Thouron du pôle judiciaire de la gendarmerie nationale (PJGN), le pôle d'expertise voué à la criminalistique et à l'intelligence judiciaire. Ce qu'est le travail scientifique autour de la découverte d'un corps. La quête des parents d'Arthur Noyer quand ils organisaient des marches blanches à Chambéry, ne croyant pas à la disparition accidentelle. Un point étape sur la cellule Ariane.
Anabelle Galloti et Veronique Pueyol ont vécu le confinement d'une Cour d'assises, enfermées dans l'univers de l'affaire. Ce travail requiert une concentration de tous les instants sur tous les détails. Au-delà des mots à retranscrire, ne pas rater un geste, un regard, une attention, une indifférence, des silences évocateurs.
Il leur faudra plusieurs jours pour revenir à leurs vies
Il faudra plusieurs nuits pour évacuer des images entêtantes. Comme celles de ces vidéos où l'on voit Arthur Noyer danser avec enthousiasme, lui qui était résumé dans les faits judiciaires à des ossements retrouvés, lui qui ne dansera pas jusqu'au bout de la nuit. Et voir les parents d'Arthur Noyer prendre sur eux pour ne pas laisser la haine les envahir. Et faire que ce procès soit aussi celui d'une leçon de vie et d'une dignité.
L'avocat des parents de Maelys espère que la même dignité animera les débats l'an prochain. Véronique Pueyo l'espère aussi. Mais il s'agira du meurtre d'une enfant et le risque que l'ambiance soit plus électrique est réel.
Nordhal Lelandais a été condamné par la Cour d'assises de Savoie à 20 ans de réclusion criminelle, avec une peine de sureté des deux tiers pour le meurtre d'Arthur Noyer.
Pour l'enlèvement et le meurtre de Maelys de Araujo en 2017, chefs d'accusation retenus contre lui, il encourt une peine à perpétuité.
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