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Profession reporter. Le foot au pays du billet

Cette année, pas d'effervescence en terrasse, le Mondial de foot ne se joue pas en juin mais à l'automne pour échapper aux canicules que connaît le Qatar à la fin du printemps. Cette année, le Mondial ne se joue pas dans un pays de football, et il y en a au Moyen-Orient, il se joue au pays du billet dans des stades flambants neufs et des hôtels 10 étoiles pour accueillir staff et supporters. 

Article rédigé par franceinfo - Eric Valmir
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Vue générale du stade Al-Thumama, à Doha, inauguré le 22 octobre 2021. D'une capacité de 40 000 places, il accueillera des rencontres de la Coupe du Monde FIFA 2022 jusqu'au quart de finale. (KARIM JAAFAR / AFP)

Aurélien Colly est le correspondant permanent de Radio France à Beyrouth.  Mais dans les années 2000, il a vécu cinq ans à Doha. Etre journaliste au Qatar n’était déjà pas une chose aisée, surtout quand il fallait dénoncer les conditions de travail des immigrés, des Pakistanais pour la plupart.

Quinze ans plus tard, le mois dernier, Aurélien est retourné sur place pour un reportage sur les préparatifs de la Coupe du monde. Évidemment, il n’a pas reconnu Doha. A son époque, quelques hôtels, un centre commercial et des campbound partout, du sable et de la rocaille sur une superficie égale à deux départements français. Le seul lien avec le foot, c’est que les instances payaient à prix d’or des joueurs, même pas forcément capés, pour les transformer en étendard du pays. Et au début des années 2000, les Français sont nombreux puisque notre pays est auréolé de son premier titre de champion du monde. Même des kinés du sport sont approchés à prix d’or. Et un des Bleus de 98, Franck Leboeuf, cédera aux sirènes.

Le stade de Losail, le plus grand de la coupe du monde de football 2022 au Qatar, peut accueillir 80 000 spectateurs. (AURÉLIEN COLLY / ESP - REDA INTERNATIONALE)

Quinze après, Aurélien Colly découvre une ville évidemment métamorphosée. Des quartiers entiers ont poussé, constitués de tours à la technologie dernier cri. Les Qatariens ont un pied dans le football européen, soit en tant que propriétaire de club, soit actionnaire ou sponsor, mais cette passion pour le foot ne se mesure qu’à l’aune des billets et des sommes dépensées. Au Qatar, le foot se regarde à la télé. Aucune pratique sur place, à peine un championnat inter-quartier dans la seule ville du pays.

Un Mondial sous le signe du scepticisme

Et beaucoup de questions autour de cette Coupe du monde qui a un temps soulevé la possibilité d’un boycott. Dans quelles conditions les stades se construisent-ils ? Impossible de faire des reportages sur les chantiers et ceux qui y travaillent. Une équipe de reporters norvégiens l’a appris à ses dépens. Tout son tournage a été détruit par les autorités. Pas de témoignages à recueillir.

Respect des droits de l’homme ? Les supporters vont-ils venir ? Ils ne danseront pas la Samba comme au Brésil mais logeront dans des palaces, l'argument suffira-t-il ?... 2022 commence, le Mondial du Qatar est toujours sous le signe du scepticisme, mais un scepticisme qui risque de fondre assez facilement dès que l’arbitre aura sifflé le coup d’envoi.  

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