Profession : reporter. Le Mali repense la démocratie
Au Mali, le Président Ibrahim Boubacar Keita a été renversé par les militaires le 18 août, ces militaires qui organisent des "journées de concertation nationale" pour une meilleure transition politique. Et les Maliens espèrent des jours meilleurs. Valérie Crova, de la rédaction internationale de Radio France rentre de Bamako.
Des élections législatives contestées en juin au Mali, un mouvement politique qui appelle à manifester, et les cortèges qui prospèrent durant l’été. Un président malien, Ibrahim Boubacar Keita, renversé par l’armée le 18 août dernier. Une armée qui s’autoproclame "Comité National pour le salut du peuple et engage des journées de concertation nationale" pour assurer une meilleure transition politique.
Les Maliens restent confiants en l'avenir
Résumée en quelques lignes, la situation apparaît chaotique, d'autant qu’il n’est pas mentionné l’insécurité dans les zones reculées du pays, les infrastructures publiques en panne et la pauvreté. Pourtant, à sa surprise, Valérie Crova, grand reporter de la rédaction internationale de Radio France, découvre une population qui pense avoir son destin en main. Même si le pays est divisé entre, d'un côté la tentation du gouvernement militaire, et de l'autre, un renouveau démocratique incarné par une classe politique non corrompue, les Maliens regardent demain avec confiance.
La difficulté du reporter dans ces moments d'incertitude est de rapporter avec justesse la complexité d'une situation. Valérie Crova prend le parti d'écouter tout le monde, de donner la parole à toutes les sensibilités en présence. La seule colère unanime qu'elle entend se déchaîne contre les derniers gouvernements successifs. Elle prend la pleine mesure de la haine irrationnelle qui fait des militaires putschistes les libérateurs d'une nation. Sentiment difficile à comprendre. Même les élus remercient l'armée d'avoir écarté le président.
Les voix dissonantes sont rares
Il y a bien celles de ce rappeur qui redoute que l'armée prenne goût au pouvoir. Les derniers coups d'Etat n'ont jamais fait progresser le pays et les officiers maliens sont frustrés de ne pas avoir su enrayer le terrorisme.
Valérie Crova veut capter tous les sons, les mots porteurs de sens, ceux de l'Imam Mahmoud Dicko, incarnation de la contestation, en retrait depuis l'intervention des militaires mais qui reste le symbole d'une autorité morale. La reporter obtient une interview. L'imam réclame un pouvoir politique civil pour rester au contact de la communauté internationale.
Un retour au goût d'amertume pour Valérie Crova
En définitive, dans sa quête de rencontrer tous les protagonistes de la crise, Valérie Crova quitte Bamako sur une amertume. Elle n'a jamais pu approcher la junte au coeur de l'échiquier. Les nouveaux hommes forts ne veulent donner aucune interview. Après tout, ils ont pris le contrôle de la télévision d'Etat. Pourquoi répondre à des questions quand on peut exprimer directement ce que l'on veut
dire ?
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