Profession : reporter. Le micro de France Bleu Azur, une main tendue aux sinistrés
Plus de 20 jours après les terribles inondations qui ont dévasté l'arrière-pays niçois, Marion Chantreau et Justine Leclerc, deux reporters de France Bleu Azur, et les équipes de la radio locale, sont toujours mobilisées aux côtés des personnes sinistrées, qui manquent encore de tout et se sentent abandonnés.
Trois semaines après la tempête Alex et les inondations qui ont dévasté l’arrière-pays niçois, les conditions de vie ne se sont pas améliorées, et le temps long de la reconstruction décourage les sinistrés qui se sentent abandonnés. En reportage sur ce terrain dévasté, les journalistes de France Bleu Aur entretiennent le fil essentiel de la proximité.
"La montagne nous a expulsés"
Traumatisé, cet habitant de Malaussène. Tout juste le temps de sortir de chez lui avant que la coulée de pierres n’envahisse toutes les pièces de sa maison jusqu’au plafond, avec un tronc d’arbre au milieu. Pour lui, c’est l’esprit de la montagne qui a parlé et a déchaîné les éléments naturels contre les hommes qui ne respectent rien, responsables de l’urbanisme sauvage et du réchauffement climatique. Il parle sans relâche au micro de Marion Chantreau qui découvre de véritables scènes de guerre.
"On dirait la Bosnie, souffle la reporter de France Bleu Azur, ces paysages modifiés, les habitations défoncées. À la place des bombes, tout ce que les eaux et le vent ont trouvé, des arbres, des voitures, des rochers, ont frappé, fracassé et emporté". Avec les mêmes traumatismes pour une population qui a juste eu le temps de sauver sa peau, sans rien faire pour des voisins.
Personne n’oubliera l’image de ce couple que l’on pense pouvoir sauver et qui disparaît dans l’effondrement de sa maison, littéralement balayée. On ne les a pas retrouvés. Ni même un des pompiers disparus.
Trois semaines après le drame, 21 personnes manquent à l’appel
Le dernier corps récupéré dans un enchevêtrement de branches se trouvait à 70 kilomètres du lieu où il a été emporté. Personne ne pouvait soupçonner de tels dégâts, la route qui se lézarde et s’ouvre sur le vide.
Justine Leclercq, partie de la cellule de crise qui se tenait à la Préfecture des Alpes-Maritimes, arrive sur un terrain fragmenté. Il faut marcher à travers la forêt pour rejoindre les communes coupées du monde. Plus rien, pas d’électricité, pas d’eau potable, pas de réseau. Et aucune possibilité d’établir une communication satellitaire.
Les journalistes ne peuvent pas envoyer leur reportage mais se rendent compte qu’il y a plus grave : les pompiers aussi sont privés de moyens de communication et ne peuvent transmettre les informations à la cellule de crise.
France Bleu Azur engage 8 jours d’éditions spéciales ininterrompues
Dans les vallées de la Vésubie et de la Roya, les émetteurs de France Culture et France Musique diffusent les programmes de la radio locale de Radio France. D’autant qu’avec les jours qui passent, une fois les personnes mises à l’abri et les territoires sécurisés, les services d’urgence passent le relais à une organisation qui pense la reconstruction, et les envoyés spéciaux des rédactions nationales et internationales rentrent à Paris et dans leurs capitales.
Et pourtant, les besoins sont tout aussi criants. Les reporters de France Bleu Azur continuent de décrire la situation du terrain. Justine Leclercq était cette semaine à Tende. Pas d’eau, il faut s’armer de jerrycans pour puiser dans le ruisseau ce qui servira à se laver et aller aux toilettes. Pas d’électricité, des groupes électrogènes et des bougies. Une épicerie qui rationne. Les vivres sont livrés par hélicoptère.
Combien de temps une telle situation peut-elle durer ?
Quand le micro de France Bleu Azur arpente les rues dévastées, il est une main tendue dont les habitants s’emparent pour la serrer fort, pour hurler dedans ce que personne ne veut entendre.
Ici, à Nice, personne ne se rend compte qu’à Tende, on vit comme au XIXe siècle.
Marion Chantreau
Et Justine Leclercq d’une voix fatiguée qui témoigne qu’à France Bleu Azur personne n’a ménagé sa peine et ses efforts, dit toucher du doigt ce qu’est un journalisme de service public. Dans les journaux d’informations, ne laisser personne à la marge.
On a beau parlé du Covid et du couvre-feu dans les Alpes-Maritimes ce week-end, la condition des sinistrés et le temps de la reconstruction resteront une priorité éditoriale de la rédaction de France Bleu Azur, emmenée par Laurent Gauriat. Les éditions spéciales continueront de donner la parole aux voix étouffées par les unes de l’actualité, désormais ailleurs.
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