Ligne brouillée entre le ministère et les instits
Extrait du texte de Pierre Frackowiak sur la réforme de l'Inspection :
"Dans le
cadre de la refondation, il est évident que les corps d'inspection ne
pourront pas échapper aux révolutions attendues. Il faudra reconnaître
que cette vieille habitude de donner des conseils de moins en moins
crédibles (" cause toujours ! ") relève souvent d'une certaine
malhonnêteté intellectuelle. " Monsieur P ou Madame Y pourrait, devrait,
ne manquera pas, etc, etc " ces formules toujours faciles à égrainer du
haut de sa fonction ne sont que des critiques en creux. Si Monsieur X
ou Madame Y ne l'a pas fait, c'est qu'il ou elle a eu tort, et moi,
chef, je sais comment il ou elle doit faire.
Le pilotage par les résultats a encore aggravé le caractère
infantilisant et désuet de ce type de pratiques. Il est dans la droite
ligne de l'idéologie ultra libérale autoritaire. " Les courbes et les
camemberts mettent clairement en évidence que les résultats dans votre
classe sont nettement inférieurs aux moyennes du secteur, du
département. Il faudra prendre toutes dispositions pour améliorer ces
pourcentages l'année prochaine. Voici votre feuille de route ! ". Cette
novlangue empruntée à l'industrie et à la finance a fait des ravages au
cours de ces dernières années ; elle prétend se justifier par les
évaluations, alors qu'il ne s'agit que de contrôle, que les critères
sont contestables, que le fait de réduire les prétendues mesures aux
maths et au français dans leurs aspects les plus mécaniques ne peut
donner que de fausses images sur les compétences réelles des élèves.
Elle cherche ses alibis dans la détection des fautes, des carences, des
insuffisances avec la prétention affichée d'y remédier. Or, on n'apprend
qu'à partir de ses réussites, pas à pas.
Si seulement la refondation permettait aux inspecteurs de réfléchir
avec les enseignants, à une réforme fondamentale de l'inspection, elle
aurait quelques chances supplémentaires de réussir."
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