Parcoursup : rite initiatique moderne ?

Chaque année, plus de 600.000 lycéens affrontent la plateforme Parcoursup : un outil essentiel pour leur orientation post-bac. Si elle est souvent perçue comme une source de stress et d’incertitude, cette étape peut également devenir une opportunité de développer des compétences précieuses.
Article rédigé par Amélia Matar
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La page d'accueil de Parcoursup, la plateforme nationale de préinscription en première année de l'enseignement supérieur. (Illustration) (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

Plus de 600.000 lycéens doivent faire connaissance avec Parcoursup chaque année. Amélia Matar explore les compétences non-académiques développées par l'usage de cette plateforme.

Se raconter : l’art du storytelling

Parcoursup pousse les lycéens à réfléchir sur leurs choix et à se raconter. Prenons l’exemple fictif de Karim, un élève de terminale, passionné de journalisme. Karim est curieux, toujours à l'affût de l'actualité, mais ces atouts ne sont pas suffisants en tant que tels. Il lui faut réfléchir avec soin à son profil et à ses motivations. Lorsqu’il rédige son "projet de formation motivé", il apprend à structurer son discours, valoriser ses expériences et captiver l’attention du lecteur.

Cette capacité à raconter une histoire avec talent, ou storytelling, est essentielle : elle lui servira non seulement pour ses études, mais aussi pour ses futures recherches d’emploi.

Découvrir l’autodétermination

Pour les élèves indécis comme Justine, autre exemple fictif, qui hésite entre des études d’ingénieur et de physique fondamentale, Parcoursup est une opportunité de développer ce qu'on appelle en psychologie l’autodétermination. Ce concept repose sur trois piliers fondamentaux :

  1. L’autonomie : Justine apprend à faire ses propres choix en fonction de ce qui lui correspond vraiment.
  2. La compétence : en testant ses capacités, par exemple durant son stage, elle prend confiance en elle, et se sent plus capable.
  3. Les relations : en se rendant à des évènements, Justine connecte avec des professionnels qui partagent son intérêt.

Ces piliers nourrissent la motivation intrinsèque, celle qui vient de l'individu lui-même, et le pousse à agir par intérêt ou par plaisir, et non pour répondre aux attentes extérieures comme des notes ou des récompenses.

Gérer une avalanche d’informations

Avec près de 23.000 formations disponibles sur la plateforme, Parcoursup apprend aussi aux lycéens à trier et organiser l’information. Licences, BTS, écoles spécialisées… Les élèves doivent comparer les options selon des critères, comme les débouchés professionnels ou les taux de réussite. Ce travail leur enseigne à naviguer dans un flot de données, une compétence fort utile dans notre monde connecté.

Faire face au stress

Parcoursup est également synonyme de tension. D’après un sondage du ministère de l’Éducation nationale, 83% des lycéens trouvent la procédure stressante. Cela laisse penser que cette étape est une opportunité pour apprendre à gérer l’incertitude, rebondir après un refus et persévérer.

Ces compétences, dites psychosociales, sont essentielles pour préparer les jeunes au monde adulte, où la confiance en soi est un moteur indispensable. Les résultats du dernier classement PISA montrent que les élèves français manquent souvent de confiance en eux, comparativement à d'autres pays. Parcoursup, bien accompagné, peut les aider à renforcer cette compétence.

Parcoursup : plus qu’un outil

Au-delà des notes et des listes d’attente, Parcoursup permet donc aux élèves de développer des superpouvoirs : storytelling, gestion de l’information, autodétermination et confiance. Ces compétences, bien qu’indirectes, les suivront tout au long de leur vie.

Accompagnés par leurs familles et leurs enseignants, les jeunes peuvent transformer cette étape stressante en une expérience enrichissante, qui les prépare à relever les défis de leur avenir.

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