Cet article date de plus de douze ans.

Pourquoi échoue-t-on à l’université ?

Un tiers des étudiants d’université quittent la filière où ils sont inscrits en première ou deuxième année. Pourquoi ?
Article rédigé par Emmanuel Davidenkoff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (©)

Sans surprise : le passé scolaire est le principal
facteur de réussite, mais il y en a d’autres qu’analyse le chercheur Bruno
Suchaut
dans un article intitulé Analyse de la
réussite en première année universitaire : effets des facteurs sociaux,
scolaires et cognitifs
(étude réalisée avec Sophie Morlaix).

Résumé de l'article :

L’objectif principal de cette recherche est de
mieux comprendre l’articulation entre les différents facteurs qui
agissent sur la réussite des
étudiants au terme de la première année à l’Université. L’influence des
facteurs scolaires (passé scolaire) et sociaux (origine sociale)
classiques a déjà fait l’objet de plusieurs travaux dans le contexte de
l’enseignement supérieur français, mais il n’existe pas encore de
travaux dans le contexte national qui ont tenté de mettre en évidence
l’impact des compétences et des capacités initiales des étudiants et d’analyser leurs relations avec les
résultats aux examens. Une originalité de la démarche est d’intégrer aux
modèles explicatifs de la réussite,
des indicateurs spécifiques des compétences des étudiants à leur entrée à
l’Université. Ainsi, des mesures des performances académiques (niveau
en compréhension de l’écrit) et des capacités cognitives ont été prises
en compte dans les analyses. Les
performances académiques ont été mesurées par un test de compréhension
de l’écrit et les capacités cognitives ont évalué le raisonnement
logique ainsi que la mémoire de travail et la vitesse de traitement de
l’information. L’échantillon concerne plus de 600 étudiants inscrits en première année
à l’Université de Bourgogne fréquentant trois filières (AES, Droit et
Psychologie).

Les analyses mettent en évidence
le poids très fort du passé scolaire (retard scolaire, série et mention
du bac), le niveau en compréhension de l’écrit et les capacités
cognitives ne jouent, à elles seules, qu’un rôle limité pour expliquer
les différences de réussite entre
étudiants, l’essentiel de l’influence de ces variables s’étant exprimé
auparavant tout au long de la scolarité. Il apparaît que les parcours
des étudiants à l’entrée à l’université sont très marqués par la nature
de leur scolarité passée et ces résultats interrogent plus largement sur
les procédures d’orientation et les choix d’études à l’issue de
l’enseignement secondaire. Le fait que le choix de la filière repose sur
un projet professionnel soit un facteur associé à la réussite est un résultat important dans la
mesure où il vient nuancer les déterminismes liés au passé scolaire.
Au-delà des forts effets liés à la série du baccalauréat (avec la
hiérarchie habituelle), l’influence autonome du niveau en compréhension
de l’écrit montre que les compétences acquises, quelle que soit la
filière fréquentée dans l’enseignement secondaire, contribuent à la réussite à l’université. Enfin, si les
capacités cognitives ne semblent pas, à l’issue de cette recherche,
exercer un effet autonome sur les résultats des étudiants, il reste à
démontrer que cela reste vrai dans la suite du parcours universitaire au niveau de la licence ou du
master.

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