Tablettes tactiles à l'école : plus d'avantages que d'inconvénients
C'est ce qu'ont indiqué ces chercheurs, Aurélien
Fievez et Thierry Karsenti, lors de la Semaine de l'apprentissage mobile qui s'est
tenue à l'Unesco, et ce à partir d'une vaste étude menée dans des écoles francophones
du Canada, de la France et de la Belgique.
Premier avantage : la tablette simplifie
l'accès à l'information.
Oui.
C'est une fonction plébiscitée par les enseignants. On peut évidemment
l'utiliser en passant classiquement par internet mais aussi avec des applis
gratuites – Google Earth pour la cartographie par exemple, iBooks pour lire des
livres, Evernote
pour prendre des notes en texte, son ou images, sans parler des nombreuses
applis qui permettent d'accéder à des dictionnaires ou à des calculatrices plus
ou moins élaborées. C'est vraiment le tout en un, et c'est léger, ce qui plaît
aux parents - 67 % d'entre eux estiment que l'avantage principal de
l'utilisation des tablettes en cours est l'allègement du cartable
(je m'appuie là sur les résultats du 7e baromètre trimestriel de l'économie
numérique de la Chaire économique de l'université Paris-Dauphine,
réalisé par Médiamétrie).
Enfin et c'est sans doute le plus intéressant,
Aurélien Fiévez indique que "la mise en commun de ressources sur des
plateformes dédiées se développe, après un début laborieux pendant lequel
les enseignants n'osaient pas partager leurs séquences -par peur du ridicule-".
Cela fait du travail en plus...
Oui.
C'est en fait le principal défi : non seulement il faut remettre à jour
ses cours mais aussi changer la façon d'organiser les séances. On l'a déjà dit
et cela se vérifie : il y a de ce point de vue un énorme manque de
formation.
Ce n'est pas le seul obstacle. Qu'en est-il de la
concentration des élèves ?
Elle
est clairement mise à mal et pas seulement à cause de la tentation d'utiliser
des jeux ou d'aller sur des réseaux sociaux pendant le cours. Ceci étant il
existe des solutions. Les enseignants belges, par exemple, mentionnent moins ce
problème que les canadiens – ces derniers ont presque tous une tablette
personnelle, ce qui n'est pas le cas en Belgique où les possibilités de
détourner l'objet de sa vocation pédagogique est moindre.
Pourtant, le bilan que tirent les enseignants est
positif.
Oui. Les élèves,
disent-ils, sont davantage motivés, la collaboration se développe entre eux
et l'enseignant, l'organisation du travail est facilitée, la qualité des supports
de cours et des présentations des élèves est accrue, les compétences informatiques
s'acquièrent plus vite.
Les parents sont pour, les enseignants jugent que les
avantages l'emportent sur les inconvénients.. . et les élèves ?
Ce
sont les plus enthousiastes. Problème, quand les chercheurs leur ont proposé de
résumer en mot leur expérience de la tablette à l'école, ils ont répondu "amusant", "cool", "stimulant". Aucun n'a
mentionné que cela leur permettait d'apprendre mieux. Au fond ça en dit long
sur le principal obstacle à la diffusion de ces approches : tant que
domine l'idée qu'on apprend mieux ou
plus dans la souffrance, la tablette tactile risque d'être vue au mieux comme
un supplément d'âme, au pire comme une distraction superflue.
Que recommandent les auteurs de cette étude ?
Former les enseignants, on l'a dit,
mais ils insistent sur un point névralgique : "Il semble important de rappeler aux enseignants, lors de ces formations,
que ce ne seront pas les tablettes tactiles qui favoriseront la motivation ou
la réussite scolaire, mais bien les usages qui en seront faits". ils
proposent aussi, "toujours en lien avec la formation, de mettre les
enseignants en réseaux, voire de créer une communauté de pratique, soit à
l'intérieur d'une même école, voire peut-être même à l'échelle" du
territoire. Du côté de la gestion de la classe, ils relèvent que les
enseignants qui tirent le mieux profit de la tablette sont ceux qui ne restent
pas coincés derrière leur bureau mais aussi qui demandent régulièrement aux
élèves de ranger leur tablette, afin de s'assurer de leur attention.
Et pour éviter que les élèves fassent n'importe quoi
au lieu d'apprendre ?
Les former, eux aussi, et on y
arrivera pas de manière autoritariste selon les auteurs. "Les résultats de notre étude, disent-ils, révèlent notamment qu'il faut
trouver des façons de renforcer les comportements adaptés, sans pour autant
contraindre les acteurs éducatifs à contrôler l'utilisation de la tablette
tactile, tâche illusoire à l'école, où chaque enseignant est souvent confronté
à des centaines d'élèves". Ils préconisent aussi d'utiliser plus souvent
les tablettes pour faire lire les élèves, de développer les manuels scolaires
adaptés à cet outil, et de sensibiliser les parents
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