Cet article date de plus de trois ans.

Regard sur l'info. Ismaël Saidi, écrivain : "La discrimination est une autoroute à double voie"

Le comédien, réalisateur et dramaturge Ismaël Saidi vient de publier "Comme un musulman en France" aux éditions Autrement. Musulman né en Belgique de parents marocains, l'écrivain suscite la parole et les rencontres depuis la création de sa pièce "Djihad", il y a cinq ans. Ce livre, écrit pendant le confinement du printemps, est un concentré de ces échanges.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Isamël Saidi, réalisateur, dramaturge, metteur en scène, écrivain.  (BRUNO COUTIER / AFP)

Ismaël Saidi est comédien, réalisateur, dramaturge, sa pièce Djihad, a connu un grand succès, mais il est aussi écrivain avec ce livre Comme un Musulman en France tout juste publié le 13 janvier, aux éditions Autrement.

Thomas Snégaroff : L'histoire de ce livre, c'est d'abord une histoire de rencontres ?

Ismaël Saidi : C’est le livre que je n’aurais pas dû écrire. Finalement je n’ai qu’une casquette : je raconte des histoires. Avec Djihad on a fait une tournée de toute la France, mais surtout une tournée très spéciale dans sens où souvent, c’était dans des MJC, dans des villages un peu perdus… Et les débats qui ont eu lieu étaient si riches que je me suis dit que ce serait bien d’en parler un jour, parce que ça montre une autre image de la France, et comme j’ai été confiné au mois de mars comme tout le monde, j’ai trouvé le temps de mettre tout cela sur le papier.  

Est-ce que vous vous considérez comme courageux ?   

Non, courageux c’est ceux qui traversent la mer pour trouver un meilleur ailleurs, c’est mon père qui a quitté son pays, ce sont les profs, les gardiens de prisons, les flics, ce sont les journalistes en temps de guerre… Courageux, ce n’est pas moi. Moi, je raconte que des histoires…   

Vous avez une cible dans votre livre, ce sont les préjugés. Quels sont ceux qui vous ont le plus marqués ?   

Un des plus gros préjugés que j’ai vécu quand j’étais gosse, c’est le regard que les gens portaient sur mon père. Mon père est un érudit. Mais arrivé en Belgique, comme il n’avait pas la langue, on le regardait comme une sous-classe. Ça m’a beaucoup blessé. Les préjugés vont dans tous les sens.

La discrimination n’est pas une autoroute à une voie. C’est une double voie. Ça va dans tous les sens. Du Blanc vers le Noir, mais aussi dans l’autre sens. Du non-musulman vers le musulman, mais dans l’autre sens aussi. C’est qui l’Autre qui me déteste ? C’est qui l’Autre qui m’en veut ? Depuis l’enfance, je me demande c’est qui les autres à qui on ne doit pas ressembler ? Le livre, c’est ce questionnement : c’est qui les Autres ?    

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.