Si j'étais... Alain Juppé
Karl Zéro s'est mis dans la peau du maire de Bordeaux, proche du Premier ministre, le député-maire LR du Havre, Édouard Philippe.
Si j’étais Alain Juppé, je serais très heureux pour ma créature, mon petit Edouard Philippe, à qui j’ai toujours prédit un très bel avenir, bien qu’au fond de moi-même, vous le savez, je n’aime personne.
Contrairement à ce qu’a annoncé un peu vite la station à capitaux luxembourgeois RTL, que j’ai rebaptisé radio fake news, sa nomination n’a nullement été l’enjeu d’un accord que j’aurais scellé au cours d’un échange téléphonique avec le Président Macron. Mais ça aurait pu. Car ce n’était pas l’envie de trahir qui me manquait, tant j’en veux à mes amis Républicains, d’abord de m’avoir éliminé de la primaire et surtout de m’avoir rappelé en bouche-trou quand ils comprirent que leur baudruche Fillon se dégonflait à vue d’oeil. Mais on n’appelle pas un maire de Bordeaux, et un ex Premier ministre de Jacques Chirac au débotté. Sauf si c’est Macron ! Là, si Macron m’avait appelé, je lui aurais dit oui, immédiatement, mais pas pour ce grand corniaud d’Edouard Philippe, dont je me contre-cogne, pour moi. Hélas, il ne l'a pas fait, et même si j'en souffre, je peux le comprendre.
Les Français n’auraient pas supporté ma bobine à Matignon
Car si j’étais Alain Juppé, aux primaires comme à la présidentielle, j’aurais compris que le souhait des français, leur envie c’était de voir émerger de nouvelles têtes. Dès lors comment s’étonner qu’ils aient élu ce M. Macron, puis que ce dernier nomme Premier ministre une autre nouvelle tête, en l’occurence Edouard Philippe ? Les Français n’auraient pas supporté ma bobine à Matignon, pas plus que le retour d’autres momies. Ils nous supportent depuis 30 ans, c’est tragique à dire mais pour notre génération, il est plus que temps de passer la main.
On a évité le pire. Excédés par notre incapacité maladive à résoudre le moindre de leurs problèmes, ils auraient pu faire appel, dans une poussée populiste ou communiste, à une Le Pen, ou à un Mélenchon. Louons leur sagesse. Ils s’en sont gardés au dernier moment, dans un réflexe de bon père de famille, préférant garder ces histrions sous le coude pour le prochain scrutin au cas où le tandem Macron-Philippe s’avèrerait aussi incapable à gérer la France que l’autre tandem, celui des frères ennemis, Sarkozy-Hollande, qui les a exaspéré pendant 10 ans.
Prenez n’importe qui !
Dès lors, si j’étais Alain Juppé, je me réjouirais de ce choix d’un quasi-inconnu à Matignon, et je ne pourrais que conseiller à M. Macron de ne pas s’arrêter en si bonne route, pour la constitution de son premier gouvernement, qu’on annoncera ce soir. J’ai entendu dire qu’il y aurait une parité hommes-femmes, je dis bravo, qu’on ferait appel à la société civile, je dis banco. Mais quand je vois fleurir, ça et là, des noms connus, ceux de vieilles lunes recuites ayant servi Hollande ou pire, Sarkozy, ceux de pénibles seconds couteaux prêts à tout pour un maroquin - et, si vous me permettez cette saillie, je ne parle pas de Jack Lang - je dis : halte-là !
Monsieur le Président, c’est Alain Juppé qui vous parle : pour votre gouvernement, faîtes comme pour vos futurs députés, prenez n’importe qui ! Des badauds, des passants, des mecs qui ont vu de la lumière, mais de grâce : aucun cheval de retour, puisque vous avez sifflé la fin de l’ère du "toujours les mêmes". Soyez logique, pas de seconde main, que du neuf. Sinon, chaque nomination de tête vue et revue vous coûtera trop cher aux législatives.
Je parle à voix basse, je ne devrais pas vous le dire puisque je suis censé soutenir les listes des Républicains mais ce dont je rêve c’est qu’ils se prennent une bonne branlée, et que leur cohabitation, ils se la foutent où je pense !
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