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Si j'étais... Charles de Gaulle

François Fillon, candidat de la droite à la présidentielle de 2017, sera-t-il mis en examen ? On l'ignore. Karl Zéro se met dans la peau de celui qui est à l'origine du mouvement de droite appelé le gaullisme, le général de Gaulle.

Article rédigé par franceinfo - Karl Zéro
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le général de Gaulle, président de la République à Apt, le 25 septembre 1963. (AFP)

Si j’étais le général de Gaulle, je ne m’imaginerais pas mis en examen. Cela va sans dire. Mais encore mieux en le disant. Pourquoi dis-je cela?

À cause de François Fillon, bien sûr. Mon successeur gaulliste, assure-t-il. Héritier potentiel, putatif, virtuel, envisageable, souhaitable même pour certains. Allons bon ! Parfois, je me demande ce qu’ils ont tous à se réclamer de moi. Non que j’ai une haute opinion de moi-même, car le passage de vie à trépas m’a fait comprendre bien des choses, et quelque peu dégonfler l’égo et le képi. Mais franchement, comme filiation, je ne peux pas me féliciter d’avoir été servi. Pompidou, le traître de Montboudif ? Balladur, le goitreux turc de Chambéry ? Chirac, le grand échalas écervelé, éternel dernier de la classe ? Juppé, son âme damnée, le velléitaire bordelais et maintenant Fillon, le Nosferatu de la Sarthe !  Avouez qu’elle manque cruellement de consistance, ma pseudo descendance ! J’aurais préféré Massu, Bigeard, Messmer ! Des militaires, des hommes, en somme.

Moi, j’ai été à Londres, j’ai organisé la résistance, résultat: on a vaincu les nazis, et j’ai sauvé la France. Eux, ils ont fait quoi ? Rien. Ou des bêtises, essentiellement. Cinquante ans erratiques, que vous payez très cher aujourd’hui. Il n'y a qu’à voir à Aulnay-sous-Bois. Oh, ne croyez pas que les alternances socialistes trouvent plus grâce à mes yeux. Mais venant de Mitterrand et consorts, les foutaises étaient prévisibles ! 

Et le sermon arriva... 

Si j’étais le général de Gaulle, j’aurais donc observé du haut du ciel mon candidat donc, le dénommé Fillon avec deux "L" comme gaulliste, se rendre comme il se doit ce dimanche à l’office, en l'église Notre-Dame-de-la-Paix de Saint-Gilles à la Réunion. Hasard du calendrier liturgique, le père Torpos, brave curé de cette paroisse, a donné lecture du "Sermon sur la montagne":  "Accorde-toi vite avec ton adversaire pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge et qu'on ne te jette en prison. Amen je te le dis, tu ne t'en sortiras pas avant d'avoir payé jusqu'au dernier sou".

Les journalistes, qui formaient l’essentiel des fidèles de cette messe pas comme les autres, gloussaient sous cape, tant était évident le rapprochement avec l'affaire des emplois supposés fictifs de son épouse, Penelope Fillon. Fillon, vu sa mine contrite, son léger tassement sur lui-même, regrettait amèrement d’être là…La suite de l’Evangile de Mathieu lui fut terrible, mais les journalistes ne s’en rendirent guère compte, tout à la joie de la demande divine de remboursement précitée. Car Jésus, dans la suite de son "Sermon sur la montagne", poursuit :  "Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent."

Aimez-vous les uns les autres

Là, Fillon, tomba à genoux, la tête dans les mains et se mit à gémir : "Non, non, c’est trop dur ! Trop injuste !" En son for intérieur, dans cette conscience tourmentée, il implorait Dieu : "Ainsi Seigneur, je vais devoir aimer Macron et Le Pen, bénir Hollande et le Canard enchaîné, faire du bien à Sarkozy et Rachida Dati, et priez pour Mélenchon et Hamon ? Jamais ! Impossible ! Je préfère encore être damné !"

Là, Jésus lui répondit, comme dans Don Camillo, mais nous ne fûmes que deux à entendre, Fillon et moi : "Mais si, puisque je te le dis ! Oui, François, il le faut. Aime tes ennemis…"

Si j’étais le Général de Gaulle, je vous dirais que cette campagne vous réserve encore bien des surprises.

 

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