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Si j'étais...Georges Pompidou

L'actualité se déroulait sur TF1 le jeudi 13 octobre avec le premier débat de la primaire à droite et au centre. Les sept candidats ont pu s'exprimer durant deux heures et demie sous l'oeil attentif de Karl Zéro qui s'imagine en Georges Pompidou.

Article rédigé par franceinfo - karl Zéro
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Georges Pompidou à l'ORTF en 1969. (AFP)

Si j’étais Georges Pompidou, ce matin, je ressortirais de mon tombeau !

Je me dirais :  "Sors d’ici, Georges Pompidou ! Et reprend force cortisone… car tu vas en avoir besoin !"  L’affligeant spectacle de ce débat des primaires de la droite - qui n’était pas un débat mais une succession interminable de micro-professions de foi apprises par coeur, un zapping poussif en quelque sorte- je l’ai suivi jeudi soir sur la première chaîne couleurs. Je me suis d’ailleurs vite endormi face à mon poste Radiola mais Claude, mon épouse, m’a réveillé. Le doute n’est plus permis : la droite et le centre ont besoin d’un vrai patron qui vienne remettre de l’ordre dans cette basse-cour caquetante, où l’on s’écharpe en se tutoyant, à coups d’inculpation, de casiers judiciaires, et de problèmes d’assimilation de nos ex-colonies ! Et ça veut être président, ça ?

Si j’étais Georges Pompidou, qui mieux que moi incarnerait aujourd’hui la droite et ses alliés, les éternels aphasiques du centre ? Ce sentiment profond, organique, millénaire, qui anima la Résistance, et les Compagnons de la Libération et qui se nommait gaullisme, où est-il passé ? Alors, bien sûr, j’entend déjà, ça et là, des mises en garde amicales :  "Mais président, vous êtes mort, quand même…" ."Oui, ami, c’est indéniable, mais ce repos, bien mérité après une éprouvante vie de labeur au service de la France, il est de mon devoir de l’interrompre… le temps de remettre mon pays sur les rails !"

Des mesures s'imposent

Si j’étais Georges Pompidou, ma première mesure serait bien entendu de rouvrir la voie sur berge rive droite qui portait mon nom avant de devenir l’Allée des Branleurs, parce ce qu’une certaine Madame Hidalgo, espagnole revancharde n’ayant sans doute pas digérée l’expédition française de 1823 qui protégea le roi d’Espagne des révolutionnaires égalitaristes, l’a fermé, voulant mettre notre capitale à genoux ! Je l’ai dit en 1971, et je n’ai pas changé d’avis depuis:  "Il faut adapter la ville à l’automobile !"

Ma seconde mesure, inscrite au plan quinquennal, sera de révolutionner l’aéronautique française avec un avion supersonique, le "Concorde", dont je relancerai la production, et que nous vendrons aux pays émergents, comme l’Allemagne ou l’ Italie. De même que la fabrication massive des Renault 6, des SM chez Citroen, et autres 304 de chez Peugeot. Pourquoi avoir remplacé ces fleurons français et roulants qui faisaient notre fierté ? De même, agriculture intensive et agro-industrie surpolluante furent nos mamelles trente ans durant, et l’on se nourrirait désormais de racines bios ? De quinoa ? Foutaises ! Laissons cela aux écureuils. Du même coup, retrouvant sa puissance industrielle, notre pays enrôlera des millions de chômeurs, qui retrousseront leurs manches à la chaîne, et avec le sourire. Nous reviendrons au franc fort, au serpent monétaire, au centralisme. Les prix seront fixes, fixés par moi. Une baguette: 20 centimes ! Un paquet de Gitanes: 1 franc ! Un litre de vin rouge: 1,50 francs !

Une France ensoleillée

Si j’étais Georges Pompidou, je dirais : Peuple de France, me voilà, oublie ces demi-pointures. La droite éternelle, légendaire, est de retour, longue cohorte de combattants qui sortent de leurs maquis de chênes pour arrêter de leur mains calleuses les foutriquets socialistes ! A côté de celles de Carnot avec les soldats de l’An II, de celles de Victor Hugo avec les Misérables, de celles de Jaurès veillées par la justice, rejoins-moi au sein de notre armée des ombres qui demain rendront le soleil à la France. 

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