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Si j'étais... Jean-Luc Mélenchon

Karl Zéro s'est mis dans la peau du député européen, candidat de La France insoumise à la présidence de la République.

Article rédigé par franceinfo - Karl Zéro
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle de 2017 pour "La France insoumise" en meeting à Strasbourg, le 15 février 2017. (PATRICK HERTZOG / AFP)

Si j’étais Jean-Luc Mélenchon, je serais extrêmement satisfait de moi-même, peut-être plus encore qu’à l’accoutumée. Lorsque Benoît Hamon, jeune pousse frondeuse, est sorti glorieux de la primaire socialiste, j’avoue avoir tremblé, vieux chêne frissonnant aux premières giboulées lorsqu’il sent qu’un jeune gland lui vole sa sève !

Pour rester dans la métaphore écologique – puisque c’est mon nouveau dada – chacun sait que planter deux arbres à moins d’un mètre l’un de l’autre n’est guère conseillé, car pas judicieux. Soit ils meurent tous les deux, leurs racines se disputant l’eau. Soit c’est l’un qui pousse au détriment de l’autre.Ne risquait-il pas de rapidement me faire de l’ombre, ce petit "hêtre" ? Il me dépassait largement dans les sondages, sa cime touchait les nuages. Il me fallait vite trouver la parade.

C'est qu'il a sa fierté, le petit...

Nos programmes sont si proches, nos trajectoires si comparables que le bon sens aurait voulu que nous nous unissions. Beaucoup de mes soutiens de "La France Insoumise" qui, par jeu, étaient allés voter Hamon en douce à cette primaire, avaient fini par s’y prendre, à ce jeu et me réclamaient cette alliance. Moi, je ne voulais évidemment pas en entendre parler. Si j’ai claqué la porte du PS il y a neuf ans, ce n’est pas pour m’acoquiner avec leur premier rejeton venu, tout frondeur qu’il soit, surtout maintenant. À moins bien sûr qu’Hamon me baise l’anneau et vienne s’agenouiller devant moi, cul nu en chemise et la corde au cou, tel un bourgeois de Calais. Vendredi, lorsque nous nous sommes retrouvés au "Vieux Poncho", un restaurant chilien, pour la négociation de la dernière chance, je peux vous dire qu’il n’est pas arrivé cul nu. C’est qu’il a sa fierté, le petit.

Fier, mais pas bien futé. Hamon n’a rien vu venir, n’a rien compris. Pendant que je le faisais lanterner, faisant mine de négocier, sa cote dégringolait dans les sondages. Pas de meeting, pas de programme, peu de médias, il s’occupait en cuisine électorale avec Jadot et moi, délaissant ses supporters qui, forcément, ont pris la tangente pour me revenir !

Il terminera à 3% !

Aujourd’hui nous voici, moi Mélenchon et lui Hamon, quasiment à égalité, autour de 13%. Inexorablement, il va continuer de s’effriter. Il terminera à 3%, et le PS avec ! Parce qu’Hamon n’est qu’un frondeur. Moi je suis un révolutionnaire. Nuance ! Alors de grâce, arrêtez vos pétitions réclamant l’union impossible de la carpe et du lapin !

Je veux voir les têtes d’Hollande et de Valls au bout de piques. Lui demande juste leur mise à la retraite anticipée. Je veux déchirer tous les accords avec Bruxelles. Lui n’ose pas sortir des traités européens. Je veux abroger la loi Travail. Lui en conserver certains aspects, qu’il a le toupet de juger "positifs". Bref, sur le papier on est d’accord sur tout mais on ne s’entendra jamais sur rien. Il hésite, il tergiverse, il encule les mouches pendant que le peuple crie famine, brandit fourches et gourdins ! Il est l’indulgent Camille Desmoulins, je suis Robespierre ! La réalité c’est que sa couardise, sa peur panique d’aller au bout de ses idées, lui vaudra sans doute d’être président un jour. D’ici là, j’aurais conquis l’Elysée, par la force s’il le faut, et remis la France d’aplomb grâce à un plan quinquennal invincible !

Oh, et puis je sais pas pourquoi je vous parle, à vous les journalistes ! Vous me regardez avec des yeux ronds, vous ne comprenez jamais rien !

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