Si j'etais... Rémi Gaillard
Karl Zéro s'est imaginé dans la peau de l'humoriste français Rémi Gaillard qui s'était enfermé vendredi 11 novembre dans un box pour chiens à la SPA de Villeneuve-lès-Maguelone, dans l'Hérault, pour sensibiliser l’opinion à la cause animale
Si j’étais Rémi Gaillard, je serais toujours à l’heure qu’il est, et depuis vendredi dernier, enfermé dans une cage de la SPA de Montpellier. J’aurais déjà récolté 160 000 euros pour le centre et fait adopter pas moins de 150 animaux. Mais il reste encore 110 chiens et 16 chats à donner alors promis, je tiendrais bon. C’est vous dire si j‘ai la rage.
Le froid intense la nuit, l’accomplissement pénible de mes "besoins", la piètre qualité des croquettes - puisque j’ai choisi de partager la nourriture de ceux que je nomme désormais "mes congénères" - ne sont rien comparés aux "hurlements des chiens : je les entends tout le temps dans ma tête, tout le temps dans mon crâne" ai-je avoué, en larmes, à mes nombreux soutiens sur Facebook.
Un traumatisme, d’après les spécialistes, qui pourrait se prolonger, comme l’a vécu le marin et chanteur Axel Bauer, qui ne se remit jamais complètement d’avoir trop entendu "cette machine dans sa tête", on s’en souvient, hélas. Il me faudrait alors pour m’en sortir un sur-traumatisme, un effrayant choc nerveux comme par exemple la visite inopinée de Brigitte Bardot.
Départ d’un vaste mouvement d’"enfermement sensibilisateur" ?
Si j’étais Rémi Gaillard, c’est seulement à ce prix que je pourrais sortir sans séquelles de ce pari fou, audacieux, et si terriblement sincère qu’il parle au coeur de tous ! Moi qui ne suis qu’un humoriste montpellierain, au moment où je vous parle, j’avoue ne percevoir que confusément toute la grandeur, la force de ma démarche. Elle est pourtant féconde, mon idée d’acte gratuit, car elle nous indique à tous la voie, en cela elle est universelle ! S’enfermer dans une cage pour sensibiliser l’opinion à la cause animale n’est que le point de départ d’un vaste mouvement d’"enfermement sensibilisateur" qui va s’emparer de tous, se répandre comme une traînée de poudre dans tout le pays, puis dans le monde entier ! A moins que ce ne soit déjà le cas ?
Des sources d'inspiration
Oui, ça y est, j’y suis ! Force est de reconnaître que je ne suis pas précurseur de ce formidable mouvement. A leur façon, d’autres personnes m’ont inspiré, de grands aînés qu’il est de mon devoir de saluer ici. Ainsi François Fillon, qui s’enferra cinq années durant auprès de Nicolas Sarkozy ! Il parvint, avant moi, à sensibiliser l’opinion sur un autre problème, très grave également: celui du quotidien auprès des personnes bipolaires atteints de crise de démence précoce ! Aujourd’hui, Fillon s’en est sorti, et s’il n’a pas encore retrouvé toute sa gaieté légendaire, il va mieux. On l’aurait vu sourire deux fois la semaine dernière, sans avoir besoin de se brûler.
Et les Américains ?
Eux aussi, de façon quasi-unanime, ne viennent-ils pas de choisir courageusement de s’enfermer pour au moins quatre ans avec Donald Trump, afin d’alerter le reste du monde sur les dangers de la télé-réalité mal comprise ? Grâce à eux, grâce à leur martyr (qui ne fait que commencer) si demain une Loanna du loft ou un Julien Tanti, un Kevin Guedj des Ch’tis s’hasarde à briguer un mandat électoral en France, il ne gagnera… pas forcément.
Et Bachar al-Assad ?
Encore un exemple de jusqu'au-boutiste qui m’a inspiré, et qui devrait tous nous faire réfléchir ! Cet homme riche, moustachu, marié à une fort belle femme avait tout pour être heureux. Il aurait pu voyager, profiter de la vie, aller au restaurant, que sais-je ! Mais non. Contre toute attente, en dépit des supplications de son peuple de n’en rien faire, il a choisi de s’enfermer dans son palais présidentiel de Damas jusqu’à ce que tous les Syriens soient décédés. Geste sublime quand on en perçoit la portée heuristique, certes, mais globalement assez incompris, faute sans doute d’explications. Bachar veut simplement nous sensibiliser au problème de la mort, qui est dans doute la plus grande injustice de la vie.
Voilà, si j’étais Rémi Gaillard, les pensées qui me traverseraient, dans mon chenil. Il est temps que je sorte.
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