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C'était mieux avant ? Vraiment ?

Un couple de fermiers de 94 et 84 ans continuent à exploiter leur ferme en Alsace. Leur portrait est celui d'une France qui n'est plus. Loin des polémiques politiques sur le travail du dimanche, l'âge de la retraite, les vacances, Georges et Marie-Madeleine Mahler vivent de leur ferme manière autonome. Au moment où le "C'était mieux avant" est partout, sont-ils des modèles ou des vestiges ?
Article rédigé par Guy Birenbaum
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Guy Birenbaum © Radio France)

Ce matin l’autre info est en Alsace

À Mietesheim et ce sont les Dernières Nouvelles d’Alsace qui m’ont conduit à la rencontre de Georges et Marie-Madeleine Malher. Georges a 94 ans, Marie-Madeleine 84 et ils sont tous les deux fermiers…

Et ils exploitent toujours leur ferme ?

Oui ! Tout seuls ! Ils sont parfaitement autonomes et vivent de leurs animaux, de leurs cultures et de leurs potager. Chaque jour, Georges monte sur son tracteur Massey Fergusson orange 1961 - une excellente année, croyez-moi - pour aller faucher l’herbe. Et tout d’un coup c’est comme si le temps s’était arrêté avec ces deux fermiers très loin des débats qui agitent la vie politique française. Le travail du dimanche eux ils connaissent : il n’y a pas de dimanche à la ferme. L’âge de la retraite, ils l’ont tellement dépassé tous les deux qu’ils ne la prendront jamais. « Le travail, c’est mon moteur, ma raison de vivre » explique Georges qui, en plus, n’a jamais pris de vacances.

Que sait-on de leur vie quotidienne ?

Les Dernières Nouvelles d’Alsace décrivent la cuisine comme un décor de cinéma des années soixante avec une cuisinière à bois d’époque. Le couple accomplit tous les jours les tâches des fermiers à l’ancienne : donner du fourrage aux vaches, Prunette et Géraldine, les traire, rouler les balles de paille jusqu’à l’étable, enfourcher le fumier, retourner le jardin, soigner les pommiers, les poiriers, les mirabelliers, préparer le champ pour planter les pommes de terre et les navets, nourrir les cochons, tuer un lapin quand c’est nécessaire. Tout ça sans heure, à l’ancienne, leurs journées sont calées sur le soleil. Il y a aussi leurs repas quotidiens en tête à tête depuis 1961, année de leur mariage. 1961, une excellente année, vraiment, croyez-moi.. Avant ça, il y avait eu les deux guerres. Le père rentré asthmatique de 14/18, ce qui a contraint Georges à s’occuper de la ferme à la suite de son grand-père. En 1942, c’est Georges qui est parti au Service du travail obligatoire puis a été enrôlé de force dans l’armée allemande. Mais chez Georges et Marie-Madeleine on ne ressasse pas le passé. Et s’il fallait recommencer, ils ne changeraient rien. Alors Georges et Marie-Madeleine sont touchants, attachants. Je ne doute pas un instant qu’ils soient heureux bien que leur vie de paysans à l’ancienne soit dure et austère, sans dimanche, sans vacances, sans repos, sans horaires, sans retraite… Je suis certain que plus personne n’accepterait une telle vie de labeur aujourd’hui. Et pourtant, il y a un petit air lancinant, entêtant qui parcourt la France, parce que Zemmour & compagnie l’ont imposé. Un refrain nostalgique, mélancolique qui fait : « C’était mieux avant ». Franchement, Bernard Debré, vous avez passé le cap vénérable des soixante dix ans… Dites moi, c’était mieux avant ? Vraiment ? 

L autre info AOD 22.12.2014 04:00:00
 

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