Anne Consigny : "J’ai une violence qui me terrifie en moi"
Anne Consigny est guérie de la grosse tête, même si le Figaro déclare : "Il y a là un sommet de l’art de l’interprétation, un sommet de l’intelligence, de délicatesse ", à propos de Savannah Bay , au Théâtre de l’Atelier.
"Je suis sensible aux critiques, je les lis, mais j’ai appris avec le temps à ce qu’elles n’influencent pas mon jeu. "
Savannah Bay raconte l’histoire de Savannah, 17 ans, qui s’est donné la mort dans la mer un an après avoir rencontré le premier homme de sa vie, le jour de la naissance de son enfant. Un sujet proche du rôle qu’elle incarnait dans Les Revenants . Elle incarnait une mère qui voyait revenir sa fille qu’elle croyait morte.
"Travailler cette situation qui paraissait totalement impossible, mais le faire de telle sorte que je puisse croire que cela m’arrive dans la vraie vie, m’a permis de savoir que je n’aimerais pas ça. Je n’aimerais pas que les gens que j’ai aimés le plus au monde reviennent parce que je ne pourrais pas supporter qu’ils repartent. On peut supporter la mort de quelqu’un qu’on aime une fois mais pas deux. "
Ses débuts
Elle a débuté à neuf ans, en 72, dans Le Soulier de Satin, de Paul Claudel mis en scène par Jean-Louis Barrault. "Le casting était d’essayer le costume et j’avais le grand avantage d’avoir pile la taille de la robe. J’avais ce rêve là et ma mère ayant entendu parler de ce casting m’y a emmené. "
Puis elle fait le conservatoire, dont elle sort première. C’est l’enfant prodige. On est en 1980. Elle n’a que 17 ans ; puis elle entre à la Comédie française. Elle se paiera le luxe d’en démissionner quatre ans plus tard. Michel Bouquet, son professeur au conservatoire, ne tarissait pas d’éloges sur elle.
"Michel m’aimait énormément et dès que je levais le petit doigt, il disait que c’était sublime. Je ne pense pas que c’était très pédagogue. Je sortais de la classe avec une tête plus grosse que la porte et je ne travaillais pas du tout. J’ai l’impression que la maladie m’a quitté, mais à cet âge-là j’avais une maladie incurable et dont j’avais conscience, c’était la grosse tête. "
Violence
Anne Consigny se décrit comme quelqu’un de violent. "J’ai une violence qui me terrifie en moi. Cela passe dans le ton de la voix et dans le regard. C’est atroce, j’ai l’impression d’être envahie par un alien. "
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