Tout euro, tout éco. Evasion fiscale: Malte doit balayer devant sa porte
Le nouveau président français plaide en faveur d’une Europe qui protège, contre le terrorisme, certes, mais aussi contre les effets de la mondialisation et de la finance dérégulée. Et l’Europe devrait bien commencer par le commencement, c’est-à-dire balayer devant sa propre porte,comme à Malte.
Ah, l’île de Malte, sa capitale La Vallette et ce climat propice aux vacances et au tourisme …. Et bien Malte, c’est aussi un autre Luxembourg ou plutôt le Panama de l’Europe. C’est ainsi que le décrit le ministre des finances de Rhénanie du Nord-Wesphalie, Norbert Walter-Borjans. Il dénonce la présence sur le sol maltais de quelques 70 000 sociétés off-shore. Information reçue quasi à domicile et sur clef USB, envoyée à Wuppertal, l’un des 10 bureaux de l’administration fiscale qui dans ce Land fait la chasse aux fraudeurs. Et sur cette clef USB le nom de quelques 2 000 citoyens et entreprises allemandes, déjà suspectées d’évasion fiscale, un sport quasi national depuis fort longtemps en Allemagne où le métier de conseiller fiscal est des plus lucratifs.
Une île qui attire les fraudeurs
Une fiscalité défiant toute concurrence qui ramène l’impôt sur les bénéfices des entreprises de 35 à 5 %, beaucoup mieux que l’Irlande. Et la présence de nombreuses boîtes aux lettres et société off-shore. Tout ça permet à la fois de pratiquer l’optimisation fiscale mais aussi de masquer les transactions illégales. Malte minimise et se défend, son ministre des finances souligne que l'île a un registre public des entreprises qui se limite à 53 000.
Mais Malte est dans l’œil du cyclone depuis un moment. Elle aurait surmonté la crise de 2008 en blanchissant de l’argent sale russe et azerbadjanais. Malte est impliquée dans l’affaire des Panamas Papers qui ont fait apparaître les noms du ministre de l’énergie, du chef de cabinet et de l’épouse du président, Joseph Muscat. Il a d’ailleurs convoqué des élections anticipées dans 8 jours, juste avant la fin de sa présidence tournante de l’UE, pour faire taire la contestation.
Obstination allemande
En 2012, la Rhénanie-Wesphalie avait acheté un CD de données révélant les opérations bancaires douteuses de certains concitoyens. Déjà en 2006, le même processus avait permis au fisc allemand de récupérer plus un milliard et demi d’euros auprès des fraudeurs. L’Allemagne oblige désormais ses sociétés de jeux de payer leur TVA en Allemagne quand les parieurs sont allemands car elle les soupçonne de planquer leurs bénéfices dans le paradis fiscal maltais entre autre.
Forte de sa présidence tournante de L’union, qui s’achève fin juin, Malte fait de la résistance en Europe, en s’opposant à toute harmonisation fiscale pour les entreprises, toute publication des profits des sociétés pays par pays et refuse la création d’un parquet européen de lutte contre la fraude fiscale soit quelques 50 milliards d’euros chaque année en Europe. Malte gèle donc tout progrès en la matière mais va bientôt devoir balayer devant sa porte …
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