40 milliards d'euros pour les collectivités locales et le numérique
La somme appuie le message : on est en période de vaches maigres mais la France a encore les capacités de rebondir. Quant à l'argent, on va aller le chercher où il est... en l'occurrence dans l'épargne des Français : Livret A et autres produits défiscalisés. Entre le Livret A qui a enregistré un record de collecte en 2012, le Livret de Développement Durable et autres Livret d'Epargne Populaire, ce sont aujourd'hui entre 270 et 280 milliards d'euros qui peuvent être mobilisés du jour au lendemain. François Hollande l'avait dit : l'épargne des Français doit être utilisée à bon escient.
Le Livret A sert à financer le logement social... on va donc déshabiller Paul pour habiller Jacques ?
Non car seule la moitié des sommes placées sur ce produit sert effectivement à financer les HLM. L'autre moitié est placée par la Caisse des Dépôts et Consignations sur les marchés financiers par pure spéculation. L'idée est intelligente. On ne touche pas au financement du logement social et l'autre moitié ne va plus être placée sur les marchés mais utilisée dans des actions concrètes d'investissements et d'innovation comme les transports, l'eau, l'assainissement, les déchets, la rénovation thermique et le numérique.
Cela paraît tellement simple. Pourquoi ne l'a-t-on pas fait plus tôt ?*
On entre dans la dimension politique. Le calendrier n'est pas anodin. Ce portefeuille de 40 milliards d'euros a été annoncé la veille du premier conseil d'administration de la Banque Publique d'Investissement (le conseil se tient aujourd'hui à Dijon et verra la nomination, entre autres, de Ségolène Royal et du Président socialiste de la région Ile de France Jean-Paul Huchon). Une BPI créée de toute pièce par François Hollande pour porter ces investissements auprès des collectivités locales. Mais il y a le revers de la médaille : la ressource Livret A est une ressource chère : 1,75% à reverser aux épargnants + 0.7% de coût de collecte... on arrive à du 2 et demi%. Profitant de taux d'intérêt nettement inférieurs sur le marché, banques privées et assureurs étaient en mesure de financer les collectivités à moindre coût. Seulement voilà, il y a eu la mésaventure Dexia et puis surtout la volonté politique de créer un propre circuit de financement censé être plus sécurisé que le privé. On a ajouté une structure à un édifice déjà opérationnel, une BPI très politique, on verra si les principaux clients seront réellement gagnants.
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