Banques françaises : un îlot préservé ?
Il ne devrait pas y avoir de valse des patrons des banques françaises, comme viennent d’en connaître coup sur coup les deux géants bancaires américains, Merrill Lynch et Citigroup. les banques françaises devraient être relativement épargnées par les effets de la crise du subprime. Même s’il y a de pertes, elles n’auront rien de comparable avec celle de la première banque américaine qui a vu ses profits fondre de moitié au dernier trimestre. Ailleurs en Europe, le système bancaire semble lui aussi davantage fragilisé. Que ce soit au Royaume Uni, où la Northern Rock n’a du son sauvetage qu’à l’intervention in extremis de la banque d’Angleterre, en Allemagne ou en Suisse. A cela plusieurs raisons : d’abord les banques françaises ne sont pas confrontés à une masse de clientèle insolvable comme aux Etats-Unis, où deux millions de foyers risquent de voir leurs logements saisis. En outre, la banque de détail – la gestion de nos comptes courants – reste en France plus qu’ailleurs une partie très importante et très profitable de l’activité bancaire, qui peut compenser des pertes subies sur les marchés financiers. Notre paysage bancaire pourrait presque ressembler à un îlot préservé de la tempête.
Pourtant les banques françaises ont été très attaquées ces derniers jours à la Bourse de Paris ?
Vous avez raison. Les valeurs bancaires françaises sont vivement chahutées : depuis qu’on a commencé à parler de cette crise dite des « subprime », il y a six mois, l’action Société Générale a perdu plus de 30%, celles de BNP Paribas comme du Crédit Agricole ont cédé près de 20%. Natixis, issu du regroupement des Caisses d’Epargne et des Banques Populaires, a fortement chuté hier. Cela s’explique par la suspicion qui pèse sur l’ensemble du monde bancaire. Les créances douteuses américaines se sont diffusées partout, par petits paquets via d’innombrables produits financiers, comme des petits légumes coupés fin dans une macédoine. On ne parvient plus à les isoler. Du coup, les marchés d’actions font comme le maître l’école qui punit toute la classe faute de pouvoir distinguer entre les fautes des uns et des autres. Les banques françaises devraient s’en sortir moins mal que d’autres, mais leur activité va ralentir jusqu’à la fin de l’année et en 2008. Avec une conséquence très pratique pour tout le monde, particulier et entreprises : le crédit va coûter plus cher, et sera plus difficile à obtenir. C’est la fin de l’argent facile.
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