Budget de la Sécurité sociale, une maladie chronique
Un texte chasse l'autre. Après l'adoption du budget 2014, l'Assemblée nationale va se pencher sur le financement de la Sécu qui est tout aussi important. Il représente le troisième étage de la fusée que le gouvernement doit piloter correctement pour respecter ses objectifs de déficits publics. Ces trois étages sont le financement de l'Etat, celui des collectivités locales et, donc, celui de la sécurité sociale.
A quoi ressemble ce "PLFSS" ?
La Sécurité sociale, ce sont quatre branches bien distinctes : la maladie, les retraites, la famille et les accidents du travail. Pour avoir une idée : le budget de l'Etat, ce sont 380 milliards d'euros d'engagements financiers... celui de la sécurité sociale : 475 milliards.
L'objectif du texte que les députés auront sur leurs pupitres tout à l'heure est de ramener le déficit du régime général (qui concerne les salariés du privé) et du fonds de solidarité vieillesse, à moins de 13 milliards d'euros en 2014 contre 16 milliards cette année.
On va jouer sur le prix de certains médicaments, rogner les tarifs de médecins spécialistes, faire des économies du côté des hôpitaux. Tout le monde sera mis à contribution, dont les laboratoires pharmaceutiques qui devront contribuer à hauteur de 960 millions d'euros à travers des baisses de prix de médicaments.
Une solution très "comptable"
Le retour à l'équilibre des comptes de la Sécurité sociale n'est pas qu'une question de lignes budgétaires. C'est une politique d'ensemble très dépendante de la conjoncture, du dynamisme de l'économie. Pour faire simple : le trou de la sécu sera toujours dépendant notamment du chômage : plus il y a de demandeurs d'emplois, moins il y a de rentrées de cotisations. Jouer sur les dépenses, c'est indispensable mais pas suffisant... et c'est le problème de chaque gouvernement, quelle que soit sa couleur politique.
Vous voulez dire que la Sécurité sociale est condamnée à un déficit chronique ?
Un vrai repli des déficits est possible mais exige un réel courage politique. Imposer par exemple aux groupes pharmaceutiques des conditionnements adaptés à la consommation des patients c'est se heurter à un puissant lobby (quand un traitement ne nécessite que 10 pilules, pourquoi ''vendre'' au patient, à la charge de la collectivité, une boîte de 40 ? Chaque année, on jette à la poubelle pour 4 milliards d'euros de médicaments non consommés).
Autre exemple : faut-il continuer à rembourser une ambulance qui conduit un patient suivre une cure thermale qui relève plus du traitement de confort que d'une réelle thérapie ? Ce ne sont pas des épiphénomènes car les exemples sont nombreux.
C'est ce que la Cour des comptes appelle les "gisements d'économie considérables".
Ils imposent de remettre en question bien souvent le confort de certains assurés. Des ingrédients, somme toute classiques, qui font que chaque année, le budget de la sécu ressemble peu ou prou à celui de l'année précédente, qui lui-même ressemblait déjà à son précédent, et ainsi de suite...
Une maladie chronique bien chère à soigner et qui semble malheureusement incurable.
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