Cinéma français : prolifique mais peu rentable
En 2015, la France a produit un nombre record de films : du jamais vu depuis 1952. Selon le Centre National de la Cinématographie, 234 films estampillés Made in France sont sortis l’an dernier, soit une trentaine de plus qu’en 2014.
Mais lorsque l'on gratte un peu, le tableau est moins rose : la part de marché des films français est aujourd’hui de 34% contre 45% dans les années 80.
Quand on allait au cinéma à l’époque où l’on produisait deux fois moins, un film sur deux projetés était français. Aujourd’hui, le rapport est, au mieux, de un sur trois, alors que l’on produit plus.
Déperdition en l’espace d’une trentaine d’années
Trop de films tuent le film. Cité par le journal Les Echos, le producteur Marin Karmitz le reconnaît : "Quinze films sortent chaque semaine depuis le début de l’année, c’est ingérable" dit-il. Face à l’offre française, les succès américains drainent les foules, poussant producteurs et distributeurs à demander de meilleures conditions d’accès aux salles.
C’est la rentabilité de la filière qui est en jeu
La production est une chose, la qualité et la rentabilité en sont une autre. Produire beaucoup de films ne veut pas dire produire des films rentables, qui font gagner de l’argent, loin de là. Non seulement la filière cinématographique française n’est pas rentable, mais elle est déficitaire : sur un milliard d’euros investi dans les coûts de production, on compte 400 millions de pertes.
Pourtant, à Cannes, on croise aussi de nombreux investisseurs
L’argent investi souffre de l’éparpillement des productions. Et puis il y a les nouveaux supports : le studio Amazon, les plateformes internet comme Netflix qui permettent de regarder des séries ou des films en ligne.
Tout cela remet en question l'écosystème traditionnel du cinéma français qui vit aujourd’hui grâce à de nombreuses subventions.
Tout le monde est mis à contribution : les opérateurs téléphoniques, les fournisseurs d’accès à internet, les chaines de télévision dont Canal+. En vertu du cahier des charges qui lui est imposé, la chaîne qui appartient au groupe Vivendi investit 12,5% de son chiffre d’affaires à la production cinématographique, soit 200 millions d’euros chaque année.
La solution ? Faire moins mais mieux. Moins de films mais de meilleure qualité, comme le dit Karmitz. Mais là s’ouvre un autre débat : faut-il privilégier l’Art ou la rentabilité ? Les deux sont-ils conciliables ? Plusieurs tables rondes sur le sujet sont prévues à Cannes samedi et dimanche autour de la ministre de la Culture Audrey Azoulay.
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