Compétitivité, François Hollande entretient le contact
Face à des salariés échaudés par les plans sociaux, et une majorité présidentielle en grande partie hostile aux options économiques les plus libérales, le rendez-vous organisé aujourd'hui pourrait bien aider le Président de la République à justifier certaines options incontournables. Vont se réunir tout à l'heure, parmi d'autres : le Président de la Banque Mondiale, la Directrice générale du Fonds Monétaire Internationale Christine Lagarde et le patron de l'Organisation Mondiale du Commerce Pascal Lamy. On ne pouvait rêver meilleur think tank, meilleure boîte à idée, avec des têtes pensantes de droite et de gauche, pour faire avancer le débat.
Mais pourquoi ce débat sur la compétitivité est-il si passionné en France ?*
Parce qu'il oppose la réalité de la situation économique à des déclarations politiques confuses, à l'emporte pièce, qui jouent sur les mots et mettent dans le même sac, sans discernement, actionnaires, jeunes patrons de start-up, pigeons, rapaces et autres vautours... les français n'y comprennent plus rien. Pendant ce temps, les entreprises voient leurs parts de marché fondre à l'international (en une trentaine d'années, ces parts sont passées de 6 à moins de 4%). Derrière la compétitivité, c'est notre productivité qui pose problème : on vend mal des produits de moyenne gamme et peu chers... indépendamment de la pression des fonds de pension, la fiscalité trop lourde réduit les marges de nos entreprises, pénalise l'investissement, donc l'emploi.
Justement, hier, dans le JDD, 98 patrons ont lancé un appel au Président de la République. Ils réclament à leur tour un choc fiscal de 30 milliards d'euros à travers des baisses de charges.*
Est-ce l'appel de trop ? A chacun d'en juger. En revanche, il est intéressant de voir parmi les signataires des patrons dont la sensibilité est clairement à gauche : Pierre Pringuet de Pernod-Ricard, (ancien collaborateur de Michel Rocard) ; Serge Weinberg, (directeur de cabinet du ministre des Finances Laurent Fabius en 1981). Autant de voix qui pourraient créditer d'éventuelles mesures drastiques si François Hollande se décidait enfin. Le chef de l'Etat sait que s'il ne rend pas l'entreprise France compétitive, Paris perdra la confiance des marchés financiers et devra rembourser sa dette plus chère. Cela, l'Elysée en a la hantise.
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