Diesel, flou autour d'un dossier épineux
Prudence ou désaccords politiques, une nouvelle fois, les
déclarations du week-end ont montré toute la difficulté de communiquer de
manière claire et précise sur un sujet qui engage à la fois notre porte monnaie
et les finances publiques. Une nouvelle fois on se réveille un lundi matin, non
seulement sans réponse, mais avec, en plus, un sentiment de nouveau flottement.
Samedi, le journal le Parisien/Aujourd'hui en France affirme que le
gouvernement travaille à la mise en place d'une ''prime à la conversion'' pour
aider au remplacement des véhicules les plus anciens fonctionnant au diesel.
Quelle différence entre prime à la casse et prime à la reconversion ? Quel
visage peut prendre cette prime ? Personne ne sait précisément. De Cécile
Duflot à Delphine Batho en passant par l'incontournable Arnaud Montebourg, le
mistigri est lâché dans la nature et personne ne le maîtrise. Pour le ministre
du redressement productif : hors de question de revenir à la prime à la
casse trop marquée à droite ; pour le ministre de l'Economie Pierre Moscovici
''l'objectif est de reconvertir notre fiscalité dans un sens plus écologique et
de faire évoluer notre mode de production''. Nous en sommes là.
Il faut dire que l'actuelle taxation des différents types de
carburants présente un inconvénient financier de taille pour l'Etat
La différence de fiscalité entre l'essence
et le diesel (plus avantageux) crée un manque à gagner de 7 milliards d'euros
pour les finances publiques. Pas négligeable en cette période de disette
budgétaire. Mais le parc automobile français est composé à 60% de véhicules
diesel (ce sont 80% des nouvelles immatriculations) et le gouvernement a beau
invoquer des raisons de santé publique (il y aurait 42.000 morts par an à cause
de la pollution), changer la donne consisterait à remettre en question une
politique vieille de 50 ans.
Moderniser le parc automobile français ne
s'impose t-il pas ?
Si mais la vraie question est de savoir
comment changer d'orientation industrielle tout en permettant à l'Etat de
rentrer dans ses frais. Favorise-t-on l'achat de voitures neuves utilisant de
l'électricité, de l'essence ou équipées de moteurs diesel qui respectent
l'environnement ? Comment lier défi technologique et pouvoir d'achat ?
Quelle part de la population peut s'acheter aujourd'hui une voiture
neuve ? Comment l'Etat peut-il aider sans creuser un trou déjà abyssal
dans ses finances ? Indépendamment de la politique industrielle, à part de
nouvelles recettes, donc de nouveaux impôts, le contribuable voit mal une issue
heureuse à ce débat qui ne fait que commencer.
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